LA TOUR DE LA MUTTERKIRCHE

 

Si notre vieille tour avait la possibilité de nous parler des siècles et des générations qui ont défilé devant elle tel le vent, que pourrait-elle bien nous raconter ? 

Elle est le vestige le plus ancien de notre village et se dresse, massive et solitaire, avec son compère, le marronnier, qui veille sur elle comme un grand frère et couvre de son ombre les tombes alentour.

 

Résistante aux assauts du temps depuis des siècles, elle symbolise, pour les farschvillérois, l’éternité pour tous ceux qui reposent auprès d’elle.

L’édifice est construit en gros moellons de calcaire et présente ainsi un aspect solide et massif. Il atteint une hauteur de 16 mètres et comprend trois étages, chacun percé de plusieurs ouvertures

 

Au sol, elle mesure 22 mètres de circonférence et l’épaisseur des murs varie selon les étages : 1,60 mètre à la base, 1,30 mètre au premier étage, 0,90 mètre au second et 0,60 mètre au troisième.

 

 

En 1754, une porte fut percée au rez-de-chaussée et une petite chapelle fut aménagée sous une voûte soutenue par quatre arcs brisés reposant dans les murs. 

 

Les avis divergent quant à la datation de l’édifice.

Certains pensent que la tour pourrait dater du 12ème ou du 13ème siècle, époque de la construction de la première église Saint-Denis : elle en était d’ailleurs le clocher jusqu’à la destruction de celle-ci, en 1754.

 

D’autres, au contraire, pensent qu’elle est bien antérieure à cette époque.

Plusieurs hypothèses sont possibles, mais je retiendrais celle-ci :

 

Au 8ème siècle, les villages de Farschviller et Cappel appartenaient à Saint FULRAD, archi-chapelain des souverains Pépin et Charlemagne, puis, à compter de 749, abbé de la célèbre abbaye de Saint-Denis, près de Paris.

En 777, dans son testament, FULRAD lègue ses possessions à son abbaye ainsi qu’au prieuré de Salonnes, près de Vic-sur-Seille.

 

En ce temps-là, notre régions était fortement boisées et faiblement peuplées, et rien que quelques maisons formaient déjà un village. On peut supposer que quelques habitations se situaient alors à l’emplacement actuel du village. Construit sur les rives du Mutterbach, un petit ruisseau à faible débit d’eau en été et pouvant rapidement déborder en périodes pluviales, voila certainement à quoi ressemblait Farschviller à ses origines. Le Mutterbach assurait l’alimentation en eau de toute la population villageoise, ainsi que du bétail.

 

Vers le 8ème siècle,  des moines parcouraient nos régions afin d’y asseoir la religion chrétienne. A cette époque, dans ces contrées païennes, les forêts recouvraient l’essentiel du paysage et les sources étaient plutôt rares.

Il existait deux sources à proximité du village : l’une située dans la forêt entre Farschviller et Hoste, appelée « Messelbrunnen » et la seconde, à l’écart du village, dans la forêt en direction de Farébersviller, appelée « Bruderpetersbrunnen ». Cette dernière source donne naissance au Mutterbach.

 

Lorsque les moines arrivèrent dans la région, il leur fallut trouver un endroit stratégique pour s’installer. Etant souvent d’une culture et d’une religion différente des autochtones, ils pouvaient craindre une certaine hostilité. Leur mode d’évangélisation reposait, non sur la force, mais plutôt sur le service et la générosité. 

Lorsqu’ils avaient trouvé un endroit favorable, les moines, souvent en très petit nombre, commençaient par défricher et déboiser les alentours afin de s’approprier quelques terres cultivables et des pâtures pour leurs animaux. Une ou plusieurs maisons, selon leur nombre, et souvent un bâtiment fortifié, nécessaire en cas d’attaque, constituaient leur quartier. En venant en aide à la population environnante, ils s’intégraient progressivement dans la vie des habitants et le paysage local.

Leur religion, monothéiste, reposant sur l’amour fraternel correspondait bien à l’attente d’une population souvent pauvre tant matériellement que culturellement. Dotés de connaissances médicales et techniques, les moines rendaient d’innombrables services et, peu à peu, de générations en générations, le christianisme s’installa autour de ces pôles.

 

A cette époque, la construction d’un lieu de culte chrétien se devait de répondre à certaines conditions nées de la tradition chrétienne des premiers siècles :

1.    l’église, l’oratoire ou la chapelle devait être construit quelque peu en hauteur pour être visible de loin, mais également, et surtout en cas de conflit, servir de refuge. Notre tour ‘‘Mutterkirche’’ fut justement élevée sur une petite hauteur.

2.    pour l’exercice du culte, mais aussi pour la vie au quotidien, il fallait de l’eau pure, provenant, de préférence, d’un puits ou d’une source. En contre-bas de la tour, coule effectivement une source.

Dans les années 1970, « le Bruder Peters Brunnen » (ou source du frère Pierre) était encore visible. Mais aujourd’hui, l’absence d’entretien et les passages des engins agricoles ont entraîné sa quasi-disparition.

 

On peut supposer que, du 8ème au 12ème siècle, des moines exerçaient leur ministère d’évangélisation à cet endroit. Peu à peu, le nombre de chrétiens augmentait et la nécessité d’une église se fit ressentir pour les habitants de Farschviller, Cappel et Ellviller.

Logiquement, on aurait dû choisir, pour la construction de celle-ci, un endroit situé entre les trois sites. Mais le lieu où les moines s’étaient installés apparaissait plus approprié car il représentait, pour tous, chez nous, le berceau du christianisme d’autant qu’une solide tradition liturgique y était certainement déjà implantée.

 

Si la tour datait effectivement du 12ème siècle, époque de la construction de la première église, il est cependant peu probable que le site, tant éloigné de Cappel et d’Ellviller et à l’écart de Farschviller, eut été choisi : il y a donc lieu d’imaginer que la tour devait déjà exister lors du projet de la construction de l’église.

 

Au 12ème siècle, la première église Saint-Denis vint donc s’adosser à la tour qui en  devint naturellement le clocher. Il est curieux que ce clocher ne possède aucune grande ouverture en son sommet, ouverture qui aurait permis la bonne diffusion du son des cloches qu’elle devait abriter. La tour n’a donc pas conçue à l’origine pour être un clocher, mais pour être une tour défensive. D’ailleurs sa porte d’accès, bien étroite, se trouve être percée à une certaine hauteur, ce qui facilitait la défense des habitants des lieux.

 

En observant la tour, on constate que, côté porte, elle n’est pas tout à fait circulaire, mais que ses parois ont été rabotées pour s’adosser au mur latéral de la nouvelle église.

L’Eglise Saint-Denis était de style roman comme presque toutes les églises de cette époque : mais notre tour circulaire ne correspond en rien à ce style.  Il est donc flagrant qu’elle est antérieure à l’époque romane.

 

Depuis 1712, Cappel disposait de son propre prêtre et les habitants du village ne venaient donc plus à cette église Saint Denis.

En 1754, après 5 siècles de bons et loyaux services, le bâtiment, certainement en mauvais état, dut être remplacé par une nouvelle église.

Cette-fois-ci, il était hors question de la construire à l’écart du village, mais bien en son centre. En outre, les moines avaient disparu depuis bien longtemps, remplacés par des prêtres séculiers. La « Valentuscappelle », bâtit au cœur du village de Farschviller laissa donc place à la seconde église Saint Denis.

 

Après la destruction de la « Mutterkirche », une petite chapelle fut installée au rez-de-chaussée de la tour. Pour cela, il fallut la doter d’une voûte et d’une porte d’accès. 

 

Il semble bien qu’à ce moment-là, la tour retrouva sa vocation première, à savoir abriter de nouveau des religieux, et plus particulièrement des ermites. On retrouve dans les archives de la commune et de la paroisse, l’acte de décès d’un certain Christophe GULDNER,  ermite octogénaire qui décéda à Farschviller, le 9 novembre 1817.

 

De plus, dans la mémoire collective de notre village, certains souvenirs mentionnent la présence d’ermites ayant résidé dans la tour. Ainsi se remémore-t-on un certain ‘‘Bruder Peter’’ qui y aurait vécu à une date inconnue, mais dont l’influence semble grande puisqu’il donna justement son nom à la source située en contre-bas.

 

Les plus anciens se rappellent encore un petit escalier en bois qui permettait l’accès aux étages de la tour : avant la seconde guerre mondiale, on pouvait encore voir, au premier étage, le lit de l’ermite GULDNER. Mais à ce jour, il ne reste plus rien et, depuis les années 1960, l’accès de la tour est fermé au public.

 

La tour de la ‘‘Mutterkirche’’, comme nous aimons l’appeler, est un haut lieu de l’histoire de notre village.

Durant de nombreux siècles, elle fut comme la rampe permettant aux prières des fidèles de s’élancer vers le ciel.

 

Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, notre tour remplit sa dernière mission qui consiste à veiller sur nos défunts et à nous rappeler combien, ici-bas, tout est fuyant, tout est éphémère, rien ne perdure.

 

 

Peut-être, à l’instar des habitants de Babylone qui voulaient construire une tour qui leur permettrait d’atteindre le ciel, notre Mutterkirche est-elle pour nous le symbole de la passerelle, qui permet aux défunts, que l’on dépose à ses pieds, de rejoindre le paradis. 

 

LA PREMIERE EGLISE SAINT DENIS

12ème siècle - 1754

  

Nous ne savons que très peu de choses à son sujet.

Seuls quelques petits détails, glanés dans diverses sources, nous permettent de retracer brièvement son histoire.

 

La construction de la première église Saint-Denis de Farschviller remonte certainement au 11ème ou au 12ème siècle. En 1331, elle fut momentanément abandonnée, car les ecclésiastiques qui, à cette époque, comme il en était de coutume,  avaient acquis leur poste de façon irrégulière, durent démissionner.

 

 

Dans les siècles suivants, elle connut, comme de nombreuses églises ou bâtiments à étages,  plusieurs incendies. Son clocher, certainement surmonté d’une croix métallique, et son beffroi, abritant les cloches, ne pouvaient qu’attirer la foudre durant les orages. Or, le paratonnerre ne sera inventé qu’en 1752, aux Etats-Unis par Benjamin FRANKLIN, et jusqu’à cette date, tous les édifices étaient à la merci des caprices de dame nature.

Depuis de nombreux siècles, la paroisse de Farschviller comportait des annexes = Cappel, Ellviller et Johannesweiler.

Les fidèles de ces différents hameaux se rendaient tous les dimanches et jours de fêtes dans l’église Saint-Denis, appelée aussi ‘‘l’église mère’’.

Au cours des siècles suivants, Cappel et Ellviller bâtirent, chacun, leur propre petite chapelle et, peu à peu, ce furent les prêtres qui se déplacèrent (et non plus les paroissiens).

 

Leurs allées et venues étaient rendues particulièrement ardues, notamment en hiver ou par temps de pluie, car seul un petit chemin de terre reliait le village aux hameaux, les routes n’existant pas encore.

Quant à leurs déplacements nocturnes, pour se rendre auprès des mourants, avec pour seul éclairage la lueur d’une bougie, ils étaient pénibles et fatigants pour ces prêtres, souvent âgés.

 

 

 

C’est ainsi que, le 21  juin 1712, l’évêque de Metz nomma le sieur Jean COLT comme premier vicaire résidant au hameau de Cappel.

 

Quelques années plus tard, les archives de la paroisse d’Ellviller nous apprennent que, selon l’ordonnance du 26 mars 1738, l’église Saint-Denis fut interdite en vue d’être détruite. Siècles après siècles, elle s’était fragilisée et menaçait de s’écrouler.

 

Ses pierres allaient servir à l’agrandissement de la chapelle Saint-Valentin qui deviendrait la nouvelle ‘‘église Saint Denis’’.

 

 Le 14 août 1751, une importante réunion eut lieu pour définir les travaux à venir. L’abbé GOUVIENNE, curé à cette époque,  proposa que l’on détruise la petite Valentinuskappelle, située au centre du village de Farschviller, qui ne servait qu’en hiver, pour certains offices, afin de la remplacer par la nouvelle église.

De nombreux villageois s’opposèrent à cette proposition car, d’après eux, la surface du site serait plus qu’insuffisante pour permettre l’aménagement d’un cimetière autour de l’édifice. Pour eux, il était plus raisonnable de reconstruire la Mutterkirche et cela pour un coût inférieur.

 

Finalement, le procurateur de l’Abbaye de St Nabor de Saint-Avold se montra favorable au plan du curé et assura la paroisse d’une participation financière satisfaisante de la part de l’abbaye.

En 1753-54, la Mutterkirche fut détruite. Le curé souhaitait toutefois conserver le chœur afin de l’aménager en chapelle, mais son idée ne fut pas suivie d’effet.

 

Le clocher, notre tour actuelle, échappa cependant à la destruction. Ayant servi durant des siècles de logis à des ermites, de clocher et peut-être aussi de tour de garde, celui-ci était doté de trois niveaux séparés par des planchers en bois.

 

N’ayant pas exaucé le souhait du curé, quant à la conservation du chœur, le plancher inférieur fut remplacé par une voûte en pierre, soutenue par quatre arcs brisés, formés de quatre pierres chacun et reposant dans les murs. Au rez-de-chaussée, une porte fut percée et une chapelle y fut installée. Il est fort probable que le petit autel qui y était jusqu’à une période récente, datait de l’époque précédant la destruction de l’église.

 

LA CHAPELLE SAINT VALENTIN

 

 

Farschviller, Cappel, Johannesweiler, et Ellviller étaient, depuis des siècles, une seule et même paroisse, et chacun de ces villages, à l’exception de Johannesweiler, possédait une chapelle locale.

 

Celle de Farschviller, située presque au centre du village sur une petite butte, était dédiée, en 1711, à Saint-Valentin. Elle était surtout utilisée durant les rudes hivers. Pratique pour les dévotions et les prières personnelles, elle devait certainement voir passer de nombreux fidèles, car on ne se rendait à l’église paroissiale ‘‘la Mutterkirsche’’ que les seuls dimanches, fêtes et jours d’obligation.

 

La Valentinuskappelle  était  entretenue par les habitants du village. Elle était dotée de nombreuses terres réparties à travers tout le ban de Farschviller ainsi que d’un pécule conséquent, provenant de dons.

 

Totalement saccagée durant la guerre de Trente Ans (1618-1648), sa reconstruction fut sans doute rapide, puisque, le 1er  juillet 1692, le mariage de Nicolas YORY de Cappel et de Marguerite PARTENT, originaire de Bastogne dans les Ardennes, y fut célébré.

 

Le 6 juillet 1716, une cloche y fut baptisée du nom d’Anne-Elisabeth, les parrains étant Christophe THIEL, Antoine PAULI, Simon RIb, Jacques WAGNER et Jean PORTA, et les marraines  Anne-Marie EGLOFF, Anne SCHERER, Anne-Marie ZINGERLET, Anne WAGNER et Elisabeth WALTER.

 

En 1720, il y eut un projet de restauration, mais celui-ci ne semble pas avoir abouti.

 

Comme il était de coutume à cette époque-là, certaines personnalités ou donateurs pouvaient être inhumés à l’intérieur des églises. C’est ainsi que, le 2 juillet 1748, l’abbé GOUVIENNE enterra son père, alors âgé de 90 ans, dans l’allée centrale à l’entrée du chœur.

 

A cette même époque, la Mutterkirsche,  église paroissiale depuis le 12ème siècle et dédiée à Saint-Denis, menaçait ruine. Il importait donc de prendre une décision rapide quant à sa restauration.

 

Etant séparée de la paroisse depuis 1712, Cappel ne participa pas au financement des travaux : seuls Farschviller, Johannesweiler et Ellviller eurent à supporter ces dépenses.

Le 14 août 1751, à 9 heures du matin, en présence de nombreuses personnalités, eut lieu une importante réunion du conseil de fabrique pour envisager l’avenir du lieu de culte de la paroisse.

 

L’abbé GOUVIENNE, alors curé de la paroisse,  proposa la construction d’une nouvelle église au centre du village de Farschviller et l’emplacement de la Valentinuskappelle lui sembla le lieu idéal pour la réalisation de ce projet.

 

Cependant de nombreux Farschvillérois étaient opposés à cette proposition, car la surface du site ne leur paraissait pas suffire pour la création d’un cimetière autour de l’église, le tout entouré par une route. Selon eux, il était plus raisonnable de reconstruire la Mutterkirche et cela, pour un coût moindre.

 

Finalement, le procurateur de l’Abbaye de St Nabor se montra favorable au plan du curé, assurant une participation financière convenable de la part de l’abbaye.

 

En 1753, la Mutterkirsche fut donc détruite (elle servit de carrière de pierres pour la construction de la nouvelle église paroissiale).

 

 

Et à la Valentinuskappelle, succéda une nouvelle église assez vaste pour contenir les 450 paroissiens que comptait alors la paroisse.

 

LA DEUXIEME EGLISE SAINT-DENIS

 

1754 - 1864

Les registres ne portent aucune mention concernant la date de la consécration de cette deuxième église Saint-Denis. Cependant, il est sûr qu’à l’automne 1754, elle était achevée. 

 

 

Détruite avant l’invention de la photographie et en l’absence de toute gravure de cette église, nous n’en possédons qu’un plan et quelques détails mentionnés dans différentes demandes de travaux.

Cette église pouvait ressembler à celle de Theding, ou à celle de Guenviller, construites à la même époque.

Elle se situait à l’intérieur du mur d’enceinte du cimetière. Son accès se faisait par deux ouvertures sous le clocher qui donnaient sur la porte d’entrée.

 

Le clocher carré, surmonté d’une toiture, abritait l’horloge : celle-ci fut réparée en 1821 pour 24 francs et en 1830 pour 144,50 francs.

 

L’église, de forme rectangulaire avait un plafond plat ; ses murs étaient percés de 8 grandes fenêtres : 6 dans la nef et 2 dans le chœur. Plafond et murs étaient entièrement blanchis à la chaux.

Par la droite du chœur, on accédait à la sacristie, ajoutée à la construction en 1816, par l’entrepreneur BOUR de Grosbliederstroff : elle était éclairée par deux fenêtres ; une porte donnait sur le cimetière. A l’intérieur, on y trouvait 2 grandes armoires.

 

 

Au fond de la nef, les quatre points indiquent l’emplacement de la tribune de
49 m2 construite en 1844, sous l’impulsion de l’abbé Daniel Dominique KNOEPFLER. Cette tribune permettait à l’église d’augmenter sa capacité d’accueil. Son prix de revient fut de 537,75 francs. Le bois de sa construction provenait de la forêt de Farschviller.

 

Nous savons que l’église contenait 440 places assises : 29 bancs de 8 places chacun, côté hommes, et 23 bancs de 8 places, côté femmes, tandis que la tribune pouvait accueillir 24 places assises.

 

LE CHŒUR :

 

La messe était célébrée au fond du chœur, sur un maître-autel en bois peint de différentes couleurs.

 

Sur celui-ci se trouvait placé, de part et d’autre, deux statues d’environ 1,50 m : l’une représentant Saint Denis et la seconde Saint Valentin. Leur manteau était doré à l’extérieur et argenté à l’intérieur. Les deux saints étaient coiffés d’une mitre dorée.

 

Au centre de l’autel, trônait le tabernacle. Il était placé sur un gradin de bois peint de 3,10 m de longueur, 36 cm de profondeur et 20 cm de hauteur. Quatre anges adorateurs entouraient ledit tabernacle. Deux d’entre eux mesuraient
80 cm de haut et étaient vêtus d’un manteau or et argent. Les deux autres anges étaient plus petits : leurs ailes et leur ceinture étaient de couleur argentée tandis que le reste de leur corps était de couleur chair.

 

Au-dessus du tabernacle, une niche peinte en blanc, ornée de petites sculptures, accueillait, les jours de fêtes, l’ostensoir.

 

Le maître-autel était posé sur trois marches en bois permettant au prêtre et aux enfants de chœur de réciter les prières dites ‘‘du bas de l’autel’’.

 

Au fond du chœur, derrière l’autel, était suspendu un grand tableau de Saint Denis (de 4,20 m de hauteur sur 3 m de largeur).

 

De part et d’autre de l’autel, sur les murs du chœur, étaient suspendus 2 tableaux de 3,50 m sur 1,70 m représentant des évangélistes.

 

Dans le chœur, se trouvait également une sculpture de Saint Orna dont l’une des cloches portait le nom.

 

Sous les deux vitraux du chœur étaient suspendues deux tentures rouges.

 

 

 

 

DANS LA NEF :

 

Deux autels, plus petits, se situaient de part et d’autre de l’entrée du chœur. Chacun d’entre eux était surmonté d’une estrade à une seule marche.

 

·       L’autel de droite, haut de 2,75 m et  large de 1,20 m, renfermait deux statues de 1,10 m chacune : Saint Donat et Saint Valentin, et, au centre, dans la niche, se trouvait celle de Saint Sébastien.

Le haut du retable de l’autel était surmonté de 2 anges de 50 cm chacun.

·       Sur l’autel de gauche, on pouvait voir les statues de Sainte Rosalie et de Sainte Jeanne. Chacune mesurait 1,50 m : elles étaient dorées et argentées. Comme sur l’autel de droite, le haut du retable de l’autel était surmonté de 2 anges de 50 cm chacun.

 

La chaire à prêcher était ornée de quatre statuettes en bois doré représentant les évangélistes. Elle était peinte en faux marbre.

Un confessionnal, lui aussi peint, se trouvait également dans la nef.

 

Dans un devis de travaux à effectuer, datant de 1832, il est mentionné qu’à l’intérieur de l’église se situaient trois chapelles à peindre en style rococo. Nullement visibles sur le plan, il doit certainement s’agir de trois petites niches de dévotions situés le long des murs de la nef.

 

La vie du village était rythmée par deux cloches : la première provenait sans doute de la Mutterkirsche ; quant à la seconde, bénite en 1786 par l’archiprêtre WEIb de Puttelange, au nom de Denis Hubert, elle pesait 379 kg.

 

Le 29 mai 1775, après avoir célébré la messe dans cette église durant 21 années, l’abbé GOUVIENNE, alors âgé de 80 ans, décéda.  Il fut inhumé dans le chœur de l’église, auprès de son père.

Plus tard,  Antoine PAULI fut enterré au pied de l’autel de la Vierge. François ALLARD fut, quant à lui, enseveli dans l’allée centrale : tous deux étaient instituteurs au village.

 

Le 20 octobre 1754, le nouveau cimetière autour de l’église fut inauguré (il sera utilisé jusqu’en 1808).

 

En 1825, le conseil de fabrique, largement soutenu par l’abbé Georges SIEBERING, obtient, de l’évêché, l’autorisation en vue de louer les bancs de l’église pour une durée d’un an. Cette adjudication rapportera la coquette somme de 271,20 francs.

 

Deux années plus tard, le conseil de fabrique prit une décision quelque peu révolutionnaire : désormais, hommes et femmes devraient se recueillir dans des bancs séparés : les hommes, à droite, les femmes, à gauche, et les enfants seraient installés à l’avant de l’église.

Trois confréries et deux fondations (voir chapitre des fondations) naîtront au sein de la paroisse :

·       En 1827, la confrérie du Saint Scapulaire,

·       En 1850, la confrérie de Saint Sébastien,

·       En 1853, la confrérie des chanoines de la Croix, fêtée le 14 janvier.

·       En 1859, la fondation de l’octave des morts,

·       Et en 1860, la fondation des 40 heures.

 

Pour assurer l’ordre lors des célébrations, la fonction de suisse fut instituée en 1836. Celle-ci sera occupée respectivement par Jean FROELIG, Jacques MULLER,   Jean GRATZ,  Jacques THIEL, Jean RABOIN, …

 

En 1854, l’église Saint-Denis célébra son centenaire : il s’agissait de célébrer cet événement avec faste.

L’abbé Charles DESQUILBERT et le conseil de fabrique firent fondre les deux cloches fêlées et achetèrent une troisième cloche.

 

Afin d’embellir l’intérieur de l’édifice, trois lustres gothiques, en bronze et cristal taillé, seront alors acquis pour la somme de 840 francs :

 

·       Pour le chœur, un lustre gothique extra-riche de 2,66 m de hauteur en cuivre fondu avec plaquettes à l’effigie du Saint Esprit, en cristal taillé et poli sur toutes les faces et autant d’étoiles.

·       Pour la nef, deux lustres gothiques collatéraux de 1,80 m, à 12 bougies, 8 pyramides, 9 plaquettes à têtes d’anges et rayons de gloire et autant d’étoiles et 16 chaînes en petits cristaux.

 

Entièrement éclairés à la bougie, ils furent mis en place pour la messe de la nuit de Noël 1854.

L’année suivante, des fonds baptismaux en marbre blanc furent scellés au fond de la nef.

 

 

 

En 1860, pour solenniser les offices, la paroisse voulue s’enrichir d’un jeu d’orgues, mais, ne pouvant, une fois de plus, prendre en charge cette lourde dépense, ce fut la commune qui s’en chargea. Un traité provisoire fut donc conclu entre le maire du village et le facteur d’orgue VERSCHNEIDER pour un montant de 4.150 francs. Toutefois, ni les archives, ni d’autres sources d’information ne permettent de certifier de la réalité de l’acquisition de cet instrument.

 

Lors de sa visite pastorale, en 1858, l’évêque de Metz avait déjà remarqué que ces trois autels, complètement vermoulus, étaient devenus des lieux indignes de la célébration du culte : il en avait donc demandé le remplacement.

 

En outre et maintenant vieux de 107 ans, le bâtiment montrait de nombreux signes de fatigue et d’usure.

 

Le 19 octobre 1860, le maire demanda la construction d’un nouveau lieu de culte car l’église, lézardée en plusieurs endroits, humide et, en conséquence, malsaine, était également devenue trop étroite et trop petite. Par ailleurs, les bancs étaient pourris, les autels vermoulus et le mobilier vétuste.  De plus, la commune se sentait capable de financer le projet.

Ce fut M. JACQUEMIN, architecte de Metz, (qui excellait dans l’art de la construction des églises, et qui avait déjà fait ses preuves), qui fut immédiatement chargé d’étudier le projet et de dresser les plans et devis estimatifs de la dépense. Si nous ne connaissons pas la nature de ce devis, il est certain qu’il n’a toutefois pas trouvé grâce auprès du conseil municipal.

 

Le 10 mars 1861, le conseil de fabrique, à son tour, se réunit à la sacristie afin d’envisager le projet de la construction d’une nouvelle église.

L’architecte, M. SCHATZ, de Sarreguemines, fut consulté afin d’établir un devis : celui-ci ne sera également pas retenu.

 

Le 28 mars 1864, le conseil de fabrique se retrouva à nouveau et cette fois-ci, approuva sans restriction et à l’unanimité, les plans et devis de l’architecte
M. DESGRANGES de Sarreguemines.

 

 

Désormais, les travaux de la nouvelle église Saint-Denis pouvaient débuter.

 

LE DEVIS SCHATZ

L’architecte SCHATZ de Sarreguemines étudia avec précision la situation et se mit à l’ouvrage en fournissant des plans très détaillés de la future église qu’il espérait voir être adoptés.

Si le plan de SCHATZ ressemble étrangement à notre église actuelle, il montre toutefois certaines différences.

Sur la façade, on constate tout d’abord que le porche de l’entrée est proposé en architecture de plein cintre. Au-dessus, se situe une petite rosace, certainement visible de l’intérieur. Par ailleurs, deux énormes montées d’escalier permettent l’accès à la tribune et au clocher. Le clocher est certainement celui de l’ancienne église. Il devait être rehaussé d’un étage pour accueillir le beffroi et rhabillé entièrement en pierres de tailles pour s’intégrer dans le nouveau style de l’édifice.

 

Sur le second schéma, on remarque que l’église ne possède pas de transept, mais se compose de trois nefs, le chœur étant percé 3 grandes verrières. Chaque côté est, quant à lui, éclairé par 12 vitraux : 6 en haut et  6 en bas.

Sur cette coupe, il apparaît que les deux petits autels latéraux ne sont pas disposés dans des petites chapelles, mais
directement flanqués contre le mur.

 

Le devis des travaux de l’église s’élève à 45.116,09 francs, auxquels il faut ajouter 1.127,86 francs de frais d’honoraires.

Ce projet ne sera finalement pas retenu, et ce, pour de multiples raisons :

 

·       Le niveau inférieur des fenêtres des bas-côtés se situant à moins de 3 mètres du niveau du sol, cette situation impliquait qu’elles soient sécurisées par des barreaux en fer, ceci entraînant un surcoût d’un millier de francs.

·       La conservation du vieux clocher, ainsi que sa surélévation d’un étage, pouvait avoir de néfastes incidences, notamment en ce qui concerne de possibles vibrations à l’occasion de la sonnerie des trois cloches : lustres et chaire risquaient fortement d’osciller.

·       L’escalier de 4 marches qui devait être construit devant la porte centrale, devait occuper la moitié de la rue, nécessitant, d’une part, la destruction du four et, d’autre part, celle du contre-fort de la maison mitoyenne appartenant à MM. Jacques ALBERT et THIRION, et en conséquence la destruction de ces lieux.

·       Et finalement, en supprimant la rue, on privait la partie supérieure du village de tout accès.

 

 

Le devis ne devant pas être retenu, le conseil municipal décida de ne pas régler la totalité des frais du devis.

En conséquence, un ballet de courrier circula entre la mairie, la sous-préfecture, la préfecture et l’évêché afin de résoudre ce problème.

Le 30 novembre 1863, en vue de solutionner l’affaire, SCHATZ proposa de réduire ses honoraires à 1.000 francs.

 

La municipalité opposa une fois encore un refus : elle décida de prélever 880 francs sur le budget de la commune pour les verser à SCHATZ, mais nous ne savons pas réellement comment s’est conclu finalement ce différend.

 

LE DEVIS JACQUEMIN

 

En 1859, le maire et son conseil avaient chargé
M. SCHATZ, architecte à Sarreguemines, de réaliser un projet pour la construction de la nouvelle église.

En 1860, un nouveau maire est élu. Lors de la session extraordinaire du conseil du 16 décembre 1860, ce nouveau maire, M. Jean STENGEL, en accord avec son assemblée, mais sans s’être concerté avec le curé, demanda, par courrier, la rédaction d’un nouveau projet architectural, à M. JACQUEMIN, architecte à Metz,

 

Ce faisant, M. STENGEL mettait fin au projet de l’architecte.

En février 1861, M. JACQUEMIN remit à la commune son projet d’un coût de 49.359,50 francs. Après examen, le projet JACQUEMIN n’étant pas retenu, son auteur réclama, tout naturellement, une indemnité de 822,65 francs pour son travail.

Mais il s’avère que la demande faite à M. JACQUEMIN par le maire STENGEL n’avait pas reçu l’aval des autorités supérieures : ainsi, le devis ne bénéficiait donc pas de l’approbation de la commission ad hoc. Les représentants de la commune en profitèrent pour, purement et simplement, refuser le paiement de ces frais.

L’affaire ne devait toutefois pas en rester là et durant trois ans, toutes les autorités (préfet, sous-préfet et même ministre de l’intérieur) furent consultées sur le bien-fondé de ce refus de paiement. En effet, et même si la procédure légale n’avait pas été respectée, il apparaissait plus que souhaitable de trouver un compromis.

Cependant le 14 août, le conseil municipal refusait encore catégoriquement le règlement du travail effectué.

 

En novembre de la même année, le sous-préfet MONTIFFAUT était d’avis que la délibération qui nommait M. JACQUEMIN n’était pas valable et, qu’en conséquence, les honoraires réclamés n’étaient pas dus.

Après avoir fait couler beaucoup d’encre et épuisé tous les recours possibles, la commune, sans doute sous la pression des autorités, et souhaitant pouvoir enfin classer cette affaire, accepta de régler à
M. JACQUEMIN la somme de 500 francs : le mandat sera envoyé le 24 avril 1865.

Pour la seconde fois, la commune se faisait remarquer par ses refus de paiement dans le projet de la construction de l’église Saint-Denis

 

Espérons que tout irait enfin mieux avec l’architecte suivant.

 

 

LA MAISON ALBERT

 

Lorsque la commune de Farschviller prit la décision de reconstruire son église, elle avait bien conscience que la nouvelle bâtisse devait avoir des dimensions supérieures à la précédente.

 

Or, le site de l’ancienne église se trouvait être plus qu’étroit : devant le clocher, se trouvait une rue, et devant le chœur, était bâtie la maison du tailleur d’habits Jacques ALBERT.

Et entre la maison ALBERT et le mur du cimetière, descendait la rue du village.

 

Afin que la nouvelle église puisse répondre au nombre de places exigé, l’architecte DESGRANGES proposa la suppression de la rue du village et de la maison Albert.

 

Le conseil municipal accepta cette proposition et s’engagea à acquérir la maison ALBERT en vue de la détruire. 

du four de M. ALBERT.

Toutefois, à mesure que la construction de l’édifice avançait, la commune disposait de moins en moins de moyens financiers : l’achat de la maison ALBERT fut donc  momentanément suspendu.

Aussi, à la fin de sa construction, la nouvelle église se trouvait-elle accolée à la maison Albert. Et cette situation obscurcissait le chœur.

 

Le conseil municipal proposa donc, et toujours dans un souci d’économie, à Jacques ALBERT d’échanger sa maison contre une autre demeure.

Celle-ci, ancienne maison des pâtres et propriété de la commune, dotée de dépendances et d’aisance, était située plus bas dans le village (entre la maison de Nicolas THIRION et celle de Jean THIEL).

 

Or, la maison ALBERT était estimée à une valeur supérieure d’environ 1.500 et 1.700 francs à celle de la commune.

Jacques ALBERT, qui devait être relogé dans une partie moins agréable du village, loin de l’école que fréquentaient ses enfants, loin de l’église et de son jardin, exigea, en sus de l’échange immobilier, une indemnité de 2.000 francs ainsi que le droit de récupérer ses portes et fenêtres avant la démolition de sa demeure.

Dans la commune des voix contestataires se firent entendre. 

 

Le sous-préfet ordonna une enquête où chaque citoyen put se prononcer. Jean STENGEL, l’ancien maire évincé par le nouveau conseil municipal, s’opposa violemment à l’achat de la maison ALBERT, demandant seulement la suppression

 

Une bonne dizaine de contestations parvinrent ainsi sur le bureau du Sous-Préfet de Sarreguemines.

 

Tous pensaient qu’au vu de l’état des finances de la commune, seul le four devait être acheté en vue d’être détruit.

 

LA TROISIEME EGLISE SAINT-DENIS

 

L’EGLISE ACTUELLE

Après les refus opposés par le conseil municipal aux devis des architectes SCHATZ et JACQUEMIN, le devis DESGRANGES fut enfin accepté à l’unanimité.

 

Le 26 avril 1864, le préfet autorisa la construction de la nouvelle église d’après les plans et le cahier des charges de cet architecte.

 Dans la foulée, l’ancienne église fut détruite et les gravats dégagés. Désormais sans lieu de culte, il s’agit de construire au plus vite la nouvelle église. Bien sûr les quelques 660 pratiquants ne restèrent pas sans office durant les trois années de construction, mais nous ne disposons d’aucune information quant au lieu où ils pouvaient se réunir

 

A la fin de l’été 1864, les gravats sont ôtés et le chantier de construction peut enfin débuter. 

Le 9 octobre, jour de la fête de Saint-Denis, patron de la paroisse depuis le 12ème siècle, en présence de Mathias SCHWAR-ZENBART, archiprêtre de Forbach, de Stanislas MULLER, curé de la paroisse, de Jean-Chrysostome MULLER, chanoine honoraire de Sarreguemines et frère de notre curé, de Jean STENGEL, prêtre originaire de Farschviller et curé de Goetzenbrück, de Jean-Nicolas MAYER, originaire de Farschviller, curé de Garche, de Pierre HEITZMANN, curé d’Ellviller, de Nicolas WORMS, curé de Farébersviller, de Charles DESGRANGES, architecte de Sarreguemines, de Jacques VOGEL, candidat de théologie à l’université de Munich, d’Antoine  DEMANGE, entrepreneur de ladite église, de Jean STENGEL, maire de la commune, des membres du conseil municipal et des membres du conseil de fabrique, fut posée la première pierre de la nouvelle église

Tout commence par le tracé des fondations au sol : une croix, de la grandeur d’un homme, est placée à l’emplacement du futur autel.

On prépare une pierre cubique dans laquelle seront insérés différents textes et objets destinés à faire connaître aux générations futures les circonstances et détails de cette cérémonie. Une fosse, assez profonde, est creusée à l’endroit des fondations. Pour l’instant, la pierre est posée sur des tréteaux.

 

Ce 9 octobre, le clergé est donc solennellement accueilli par les paroissiens : tous se rendent en procession  à l’emplacement de la cérémonie.

Après la bénédiction du sel, qui va être mélangé à l’eau bénite, le célébrant asperge la croix et l’emplacement du futur autel. Il fait une prière dans laquelle il demande à Dieu de bien vouloir visiter ce lieu,  de le purifier et de le garder à l’abri des incursions maléfiques. Cette prière est faite par l’intercession des Saints et tout spécialement de Saint Denis, futur saint patron de la nouvelle église.

Ensuite, le célébrant bénit la pierre en traçant un signe de croix sur chacun de ses côtés, et tous chantent les litanies des Saints. C’est alors que la pierre est déposée dans son emplacement et que les ouvriers la scellent.

Le célébrant parcourt alors le sol de la future église et asperge les fondations en s’arrêtant par trois fois pour prier.

 

 

Les archives du conseil de fabrique mentionnent le texte, en latin, qui fut introduit et scellé dans cette pierre. 

Après ce grand jour, l’entreprise Antoine DEMANGE commença la construction de l’église, dans le style néo-gothique, à trois nefs avec voûtes en briques et clocher en flèche de pierres (le style néo-gothique revint très fortement à la mode à partir des années 1850).

 

Le financement de l’édifice fut entièrement assuré par la commune. L’église fut édifiée en seulement 27 mois et le montant de la construction s’éleva à 79 000 francs payable en 5 fois : soit 17 000 en 1864 ; 34 000 en 1865 ; 18 000 en 1866 ; 5 000 en 1867 et 5 000 en 1868.

Le gros-œuvre achevé, il s’agit maintenant de pouvoir y célébrer les offices le plus rapidement possible. Mais pour cela, il faut que la nouvelle église soit bénie. Ce sera chose faite le 20 janvier 1867, à 10 heures du matin.  L’abbé Jean STENGEL, originaire du village, définiteur de l’archiprêtré de Bitche, fut mandaté par l’évêque de Metz pour cet acte religieux.  Il fut assisté des abbés Chrysostome MULLER, archiprêtre de Sarreguemines, de Pierre HEITZMANN, curé d’Ellviller et de Stanislas MULLER, curé de Farschviller.

La cérémonie débute dans une église vide et dépourvue de toute décoration, de tout ornement.

Après l’ouverture des portes, l’abbé Jean STENGEL, précédé de la croix et suivi des autres prêtres, se rend dans le chœur pour y faire une prière.

Ensuite, tous ressortent de l’édifice et en font le tour, afin que les murs extérieurs soient aspergés.

 

De retour à l’intérieur, ils se dirigent de nouveau dans le chœur, et là, à genoux, ils chantent les litanies des Saints. L’abbé STENGEL bénit ensuite l’église d’un grand signe de croix. 

Loin d’être achevés, les travaux se poursuivirent encore jusque la fin septembre 1867. Il s’agit surtout d’en aménager l’intérieur et d’y placer tous les objets et meubles nécessaires à la célébration du culte.

 

M. Louis Charles MARECHAL, célèbre peintre et verrier de Metz, posa les 5 vitraux du chœur commandés dès l’année précédente, tandis que les autres ouvertures demeurant encore en verre blanc.

 

Les grands lustres de l’ancienne église sont suspendus aux clés de voûtes. De nouveaux bancs sont commandés, les anciens étant entièrement vermoulus.

Mais il reste encore à consacrer ce nouveau lieu de culte. Pour cette occasion, le conseil de fabrique décide de vider sa caisse afin que la célébration de la consécration de l’église se déroule dans la plus grande solennité. Une nouvelle lampe du Saint Sacrement, dorée, est suspendue tandis qu’un nouvel encensoir est acquis et que trois jeux de nouveaux chandeliers ornent les nouveaux autels.

 

Enfin, le 8 octobre 1867, Mgr Paul Georges Marie DUPONT des LOGES, évêque de Metz, vient consacrer notre église. Pour cela, il est assisté de l’abbé BEAUVALLET, son vicaire général, et de l’abbé GERMAIN, un chanoine. Comme ce fut le cas des précédentes églises de notre paroisse, Saint-Denis devint tout naturellement son Saint patron. La célébration débuta à 7 h 30 heures pour s’achever à 11 h 15 : les diacres et sous-diacres furent les abbés MAYER et LEONARD.

 

La consécration d’une église est un événement très important. Tout commence dès la veille quand l’évêque, les prêtres et le peuple sont invités à une journée de jeûne.

 

L’église est dépourvue d’ornement. Sur les piliers qui soutiennent l’édifice, 12 croix ont été gravées et, sous chacune d’elles, brûle un cierge. Un coffret, contenant les reliques qui seront scellées dans l’autel, est déposé sur un petit autel latéral. Toute la nuit, le coffret est veillé par le clergé et les fidèles.

Au petit matin du 8 octobre 1867, tout Farschviller se rend à la nouvelle église.

 

A genoux, devant la porte d’entrée, on chante les litanies, tandis que l’évêque fait trois fois le tour de l’édifice en l’aspergeant avec de l’eau bénite. A chaque fois qu’il passe devant la porte d’entrée, qui, bien sûr, est fermée, il la frappe avec le bout de sa crosse. Entre l’évêque et le sous-diacre, demeuré à l’intérieur, un dialogue s’engage. Au troisième passage, les portes s’ouvrent enfin et l’évêque entre.

 

 

Au sol, une fine couche de cendres est répandue. Au chant du Veni Creator, l’évêque trace, avec sa crosse, une grande croix sur le sol. Sur l’un des bras de la croix, il trace toutes les lettres de l’alphabet grec et, sur l’autre bras, toutes les lettres de l’alphabet latin.

On bénit l’eau grégorienne, composée de quatre éléments eux-mêmes bénits séparément : l’eau, le sel, les cendres et le vin.

Avec cette eau, il bénit les montants de la porte principale, les murs intérieurs, le pavement du sol, l’autel. Enfin, il fait quatre croix, une à chacun des quatre coins cardinaux. Puis il chante la grande prière de consécration.

Commence alors le rite de la translation des reliques.

 

Le clergé se rend près des reliques et, en procession, il fait, avec elles, le tour complet de l’église. De retour à l’autel, l’évêque bénit le ciment qui servira à sceller les reliques dans l’autel. Le tombeau, c’est-à-dire le petit trou dans l’autel, est oint de Saint-Chrême. Les reliques y sont déposées et la cavité est refermée avec du ciment mouillé avec de l’eau grégorienne. La longue liturgie de la bénédiction de l’autel peut alors débuter. Ensuite, l’autel est recouvert des trois nappes réglementaires : la messe peut enfin commencer.

C'est le vicaire général qui célébra la grand-messe.

Après l’évangile, l’abbé MULLER, archiprêtre, curé de Sarreguemines et frère du curé de Farschviller, est monté en chaire pour remercier, en français, Mgr l’évêque, les autorités, l’architecte, l’entrepreneur et tous ceux qui avaient concouru à l’achèvement de cette belle œuvre.

Parmi les personnalités présentes, on pouvait compter le préfet de Sarreguemines, M. de MONTIFFAUT, le
procurateur impérial,  M. PIETTE, et le maire du village, M. HERGOTT

 

L’abbé MULLER s’adressa ensuite, en langue allemande, à toute l’assemblée qui remplissait la nouvelle église.

A l’issue, de la célébration, Mgr l’évêque accorda une indulgence d’une année, à toute l’assemblée, et une indulgence de 40 jours à toute personne qui fréquenterait pieusement cette église le jour anniversaire de sa bénédiction.

La fête de la dédicace fut fixée au dimanche suivant l’octave de la Toussaint.

 

 

 

Nombreux furent les prêtres venus assister à cette grande et belle cérémonie : l’abbé MULLER, archiprêtre de Sarralbe, chanta la messe. Les abbés KARST, archiprêtre de Forbach, M. le doyen de Sarre-Union du diocèse de Strasbourg, les curés de Diebling, d’Ellviller, de Hundling, de Metzing, de Farébersviller, d’Ebring et de nombreux autres prêtres des villages alentour étaient présent.

Après la grande cérémonie de la consécration, vint le temps d’équiper et de meubler la nouvelle église. On ne lésina pas sur les dépenses. Au moment de la consécration, une grande partie du mobilier de l’ancienne église y avait trouvé place.

 

 

L’architecte DESGRANGES avait établi les plans pour la confection du maître autel, des deux autels latéraux, des deux bénitiers, ainsi que de la chaire à prêcher. Ce fut le sculpteur MILANCHER de Metz qui obtint le contrat et réalisa, en 1867, ces quatre pièces majeures du mobilier liturgique.

                                   

  • En 1868, on installe un plancher de bois de sapin sur lequel reposent les nouveaux bancs. Le prix de revient des bancs est de 1.750,35 francs. La commune avait fourni le bois de chêne issu de sa propre forêt.
  • Un paratonnerre est installé au sommet du clocher.
  • Le 27 juillet, le serrurier THIRINGER de Sarreguemines, réalisa et posa le banc de communion en fer forgé et 12 consoles sur les piliers pour les cierges de consécration. Le prix de revient fut de 498,80 francs.
  • Un jeu d’orgues fut commandé chez VERSCHNEIDER à Puttelange pour 9.000 francs. Le conseil de fabrique ne disposant pas de cette somme, une fois de plus, la commune payera.
  • En 1873, l’horloge, provenant des ateliers GUGUMUS et WERLE de Strasbourg, pour un coût de 2.650 francs, fut installée dans le clocher. Et le temps s’égraine à nouveau au son des cloches.
  • En 1880, une nouvelle chaire à prêcher, plus richement sculptée, remplaça l’ancienne pour un coût de 1.000,00 francs. 
  • En 1887, on procéda à l’achat de trois nouvelles cloches pour la somme de 2.976 marks. La somme sera payée en 3 fois, les trois vieilles cloches étant reprises pour un poids de 1.587 kg.

·       En 1901, la tribune est remplacée par l’actuelle, plus spacieuse que la précédente et de

même style que l’église.

  • En 1905, un nouvel orgue de Franz STAUDT remplace l’ancien, jugé irréparable.
  • La même année, l’achat d’ornements s’imposa : une chasuble couleur or pour 240 marks, une chasuble blanche pour 140 marks, une chasuble rouge pour 780 marks, une chasuble noire pour 800 marks, une chape pour 800 marks et un voile huméral pour 400 marks.
  • Les 2 anges avec candélabres, placés aux côtés du tabernacle, sont achetés la même année.
  • Le menuisier KLEM de Colmar confectionna la grande armoire de la sacristie  de gauche, en style gothique pour 6.000 marks.
  • En 1907, un terrible orage de grêle s’abat sur le village : les vitraux de l’église sont quasiment tous détruits. Une importante commande de vitraux est alors faite à la Königliche Bayerische Hofglasmalerei ZETTLER de Munich.
  • En 1908, le coq est installé sur la flèche du clocher. Il fut réalisé par M. BRÜSCHKI de Rappoltsweiller.
  • Des nouveaux fonds baptismaux en marbre sont acquis.
  • En 1909, à la demande de l’évêché, des barreaux sont installés aux fenêtres des sacristies.
  • Les nouveaux vitraux commandés en 1907 sont installés.
  • En 1913, installation des 10 vitraux des bas-côtés par la maison ZETTLER.

·       En 1916, l’église sera électrifiée par une entreprise de Sarrebrück. Les travaux s’élèvent à 744, 90 marks.

·       En 1922, le 17 octobre, arrivent les nouvelles cloches. Le 22 octobre, elles sont baptisées et le 28, les deux plus grosses sonnèrent pour la première fois.

  • En 1927, le conseil de fabrique décide d’installer le chauffage central à l’église pour un coût de 30.000 francs
  • En 1935, 14 nouveaux bancs pour les enfants sont mis en place à l’avant de la nef pour 6.000 francs.
  • Deux dalmatiques or sont acquises pour 2.000 francs.

 

  • En 1943, les allemands réquisitionnent les trois plus grosses cloches.
  • En 1944, dans la nuit du 20 au 21 novembre, les premiers obus américains tombent sur le village et le clocher est sérieusement touché.

 

 

 

 

 

  • En 1953, l’entreprise BACH de Metz installe un nouveau chauffage.
  • En 1956, Mgr HEINTZ bénit de nouvelles cloches.
  • En 1971, une porte latérale fut percée dans le transept Sud, afin de faciliter l’accès de l’église lors des enterrements. Elle fut ouverte au public le jour de la Toussaint.
  • La chaire fut démontée afin de permettre une meilleure visibilité du chœur.
  • En 1977, l’ancienne horloge, qui avait souffert de l’effondrement de la flèche du clocher et dont certains rouages du mécanisme étaient usés, fut remplacée par une horloge électrique.
  • En 1979, ce qui restait du maître autel fut démonté et retaillé afin de confectionner l’actuel autel et laisser place à la chorale, désormais installée dans le chœur de l’église.
  • Tout le système électrique sera remplacé la même année.
  • En 1993, pour la première fois depuis sa construction, l’intérieur de l’édifice fut mis en peinture. Un éclairage indirect fut ajouté afin de bien mettre en valeur les colonnes, les piliers et les chapiteaux.
  • En 2002, les établissements BODET ont remplacé le beffroi pour 29.148,91 francs et les abats-sons pour 3.450,46 francs.
  • Un nouveau chauffage  est installé par l’entreprise TECA de Henriville. (529.505,32 francs)
  • En 2005, la restauration de l’orgue est entreprise par la maison BAUER de Sarralbe pour 74.070,29 francs.
  • En 2009, des bénévoles ont restauré le chemin de croix.
  • En 2010, l’installation électrique est mise aux normes par la maison DOELEC pour 12.486,24 francs.
  • Une chape fut coulée et un nouveau carrelage replace l’ancien. Cette opération revient à 20.876,18 francs.
  • La menuiserie RISSE de Farschviller remplaça le plancher sous les bancs pour 23.290,61 francs.
  • En 2012, un nouvel ambon est acquis pour la somme de 2.478,26 francs. La pierre provient de la carrière de Niederviller.
  • En 2014, l’entreprise CHANZY-PARDOUX restaure le clocher, les gouttières en pierre de taille seront étanchéifiées ; la croix est restaurée et nouvellement scellée. Ce chantier revient à 172.730,80 francs.
  • La société ALSAC remplace le paratonnerre pour 2.378,40 francs.
  • Les vitraux de protection sont réparés par l’entreprise KM d’Ebring pour 2.860,00 francs.

 

Depuis sa construction, le bâtiment a subi plusieurs transformations selon l’évolution de la liturgie ou les progrès techniques. En 150 ans, notre église a connu de nombreux travaux souvent indispensables, mais également nécessaires pour son embellissement. Un grand bravo et un immense merci au conseil de fabrique pour son souci et son amour pour notre église. 

 

Il faut y voir là un signe de bon augure, car seules les choses mortes ne bougent plus.

 

 

En passant devant cette église, prenez la peine de venir de vous y recueillir : entrez afin de mieux vous souvenir des lourds sacrifices que nos anciens ont supportés afin qu’aujourd’hui, nous puissions être fiers de ce qui est le cœur de notre village : l’église Saint-Denis.

 

 

L’HISTOIRE DE NOS CLOCHES

 

Les cloches sont depuis fort longtemps un accessoire indispensable à toute église.

Leur importance est marquée par le rite de la bénédiction des cloches : par cette bénédiction et par l’onction, elles acquièrent quasiment une sainteté.

En conséquence, leur sonnerie était jadis toujours confiée à des clercs, c'est-à-dire des hommes dans l’attente de recevoir les ordres majeurs, comme le diaconat ou  presbytérat. Avant le concile Vatican II (1962-1965), ces clercs composaient les ordres mineurs, dont le premier était celui de portier. Ledit portier avait également, et entre autres choses, la charge de sonner les cloches.

 

Dans les villages, ce rôle fut toujours confié à un homme qui représentait le clerc. A Farschviller, pendant de nombreuses années, le dernier qui assura cette fonction, ainsi que celle de l’entretien et du remontage mécanique de l’horloge  fut M. Pierre DONATE.

Notre église possède plusieurs cloches de grosseurs différentes, ce qui permet de varier la sonnerie selon les usages et les degrés des fêtes, mais aussi selon l’importance des cérémonies.

Il y a des sonneries joyeuses et des glas lugubres. Cependant, la liturgie considère plutôt le son des cloches comme un signe de joie : théoriquement, elles devraient se taire pour le deuil, comme cela en est encore l’usage pour le vendredi et samedi saints.

Nos cloches font donc partie de la vie de notre commune. Tout au long de l’année, elles nous annoncent les fêtes, les baptêmes, les mariages et les décès.

 

Jour et nuit, elles égrainent le cours du temps et nous invitent trois fois par jour à la prière de l’angélus.

L’histoire des cloches de Farschviller peut se résumer en plusieurs parties.

 

LES CLOCHES AVANT 1754

Dans la première église saint Denis

 

Le 6 juillet 1716, une cloche fut bénie au nom d’Anne-Elisabeth. Dans les registres, on retrouve les noms de ses parrains et marraines : Christophe THIEL, Antoine PAULI, Simon RIb, Jacques WAGNER et Jean PORTA, Anne Marie EGLOFF, Anne SCHERER, Anne Marie ZINGERLET, Anne WAGNER, Elisabeth WALTER.

C’est la plus ancienne référence que nous possédons concernant les cloches de Farschviller.

 

 

C’est de cette époque qu’émane une légende que tous les Farschvillérois connaissent sous le nom de la ‘‘mare aux cloches’’. Comme toute légende, elle contient certainement une part de vérité, mais je laisse à chacun de vous le soin de faire la part des choses.

Cette légende daterait de l’époque de la Guerre de Trente Ans -1618-1648- et plus particulièrement sa période dite suédoise – 1630-1635). Des cloches d’argent étaient alors suspendues dans le clocher de la Mutterkirche. Leurs joyeux carillons réjouissaient le cœur des hommes et leur faisaient oublier peines et soucis.

Avec l’avancée des troupes suédoises, il arriva qu’une nuit, une bande de mercenaires mit à sac le village. Un de leurs chefs eut vite fait de découvrir les fameuses cloches.  Avec quelques complices, il escalada la tour, décrocha les cloches, les immergea dans une mare des alentours avec l’intention de venir les récupérer,  après guerre.

 

Le lendemain, les habitants du village attendirent, mais en vain, le son familier de leurs chères cloches. On se mit à leur recherche, on fouilla partout, mais elles restèrent introuvables. A regret, chacun s’en retourna chez soi, découragé, abattu et triste à en pleurer.

Le temps de la guerre ne voulait toujours pas finir.

Au village, on ne parla plus des cloches …  jusqu’au jour où …

 

C’était aux environs de Noël, ou bien de Pâques…

Un paysan vint à passer près de la mare, lorsque soudain,  il lui sembla percevoir, comme venant de très loin, un joyeux carillon de cloches. Intrigué, il s’arrêta. Non, ce n’était pas l’angélus qui sonnait dans un village avoisinant. Il reprit sa marche et au fur et à mesure qu’il s’approchait de la mare, la sonnerie s’amplifiait : plus de doute, cela provenait du fond  de cette mare.  Notre brave paysan comprit qu’il venait de découvrir, après tant d’années, la cachette des cloches volées.

 

Vite, il alerta les gens du village. On prépara des outils, des voitures, des chevaux et tout le monde se dirigea vers la mare en riant et en chantant. Tous se mirent à l’ouvrage. Mais les heures passèrent. La gaieté fit, peu à peu, fit à la tristesse, au découragement. La mare était si profonde que, malgré tous les efforts surhumains qu’ils avaient accomplis, ils n’arrivèrent pas à retrouver les cloches : cette mare n’était qu’un abîme sans fond …

Depuis ce jour, cette histoire se transmet de génération en génération.

Si vous passez par là, au temps de Noël, ou bien de Pâques, vous pourrez peut-être entendre le lointain carillon qu’elles vous envoient en message de paix et de bonheur.

 


LES CLOCHES ENTRE 1754 et 1918

Dans la deuxième église saint Denis

 

 

En 1786, l’archiprêtre Weib de Puttelange bénit une autre cloche de 379 kg au nom de Denis Hubert.

On peut donc supposer que la cloche Anne-Elisabeth, datant de l’année 1716, fut ramenée de la Mutterkirche et suspendue dans la deuxième église avec la nouvelle cloche.

 

Pendant 68 ans, son clocher carré abrita ces 2 petites cloches.

 

Dans les archives du conseil de fabrique, lors de la session du 4 décembre 1854, il fut décidé de faire refondre ces deux cloches par le fondeur HAMM de Sarreguemines et d’en acquérir une troisième pour la somme de 3310 francs et 280 francs d’accessoires.

Toutefois, ces trois nouvelles cloches ne résonneront que quelques années dans la deuxième église, qui, dix ans plus tard, sera remplacée par notre église actuelle

 

LES CLOCHES ENTRE 1918 ET 1943

Dans la troisième église saint Denis

 

En 1887, la nouvelle église fut dotée de trois nouvelles cloches pour la somme de 2.976 marks. L’une pesait 750 kg, une autre 520 kg et la plus petite 410 kg. La dépense fut réglée en 3 fois et les trois vieilles cloches furent reprises par la fonderie pour un poids de 1.587 kg.

 

Le 14 janvier 1918, les deux plus grosses furent réquisitionnées par les troupes allemandes pour être fondues en canons. La veille de leur départ, elles avaient sonné durant cinq heures en un dernier adieu au village.

De janvier 1918 à octobre 1922, le clocher n’abrita plus qu’une seule cloche, celle qui n’avait pas été réquisitionnée.

 

La fonderie de cloches PICARD d’Annecy ‘‘Le Vieux en Savoie’’ estima à 44.913 francs la confection de 4 nouvelles cloches.

Le conseil de fabrique, possédant une trésorerie de 33.000 francs, compte tenu de la location des bancs rapportant annuellement de 8 à 10.000 francs, et de la reprise de la vieille cloche s’élevant à 3.340 francs, cela suffit pour lancer la commande.

Le 17 octobre 1922, quatre nouvelles cloches arrivèrent en gare de Farschvilller.

Sur les trois plus grandes figuraient les noms des membres du conseil de fabrique.

Le 22 octobre, elles furent baptisées par Mgr PELT, évêque de Metz. Elles portent les noms suivants :

1.    Le bourdon de 1.500 kg, d’un diamètre de 1,35 m, porte le nom de l’Immaculée Conception.

2.    La seconde de 760 kg, d’un diamètre de 1,60 m, porte les noms de Saint Denis et Saint Sébastien.

3.    La troisième de 460 kg, d’un diamètre de 0,90 m, porte les noms de Saint Orna et Saint Valentin.

 

4.    La quatrième de 325 kg, d’un diamètre de 0,80 m, porte les noms de Sainte Jeanne d’Arc et saint Nicolas.

Le 28 octobre, les deux plus grosses cloches sonnèrent pour la première fois. Elles avaient plus de cent parrains et marraines.

 

En 1928, l’abbé Paul BONAVENTURE fit installer la sonnerie électrique par
M. ZEH de Metz, d’après un brevet de son invention.

 

Trois d’entre elles, les plus grosses, furent de nouveau réquisitionnées en 1943 par l’occupant. Quant à la plus petite, elle fut bombardée en 1944.

LES CLOCHES ACTUELLES

 

Les 4 nouvelles cloches furent coulées par les fonderies CAUSSARD de Colmar et M. Jules HERRGOTT les transporta gratuitement à Farschvilller.

 

Le dimanche 6 mai 1956, elles furent baptisées par Mgr HEINTZ

Le rite de la bénédiction des cloches comporte une purification par l’eau et des onctions d’huile sainte, ce qui fait que l’on parle de ‘‘baptême’’ de cloche.

 

L’usage des cloches dépend uniquement de l’autorité ecclésiastique = une cloche bénie ne peut être employée pour des motifs profanes qu’en cas de nécessité, ou bien avec la permission de l’évêque.

 

Après la cérémonie, la foule pouvait les tinter et recevait des cornets de dragées de la part des 45 parrains et marraines.

M. BACH de Metz installa la nouvelle sonnerie électrique.

 

Comme par le passé, tout au long de l’année, elles nous annoncent les grands moments de la vie de notre village.

 

Espérons que plus jamais elles ne devront s’éloigner du village.

 

 


LES INSCRIPTIONS SUR LES CLOCHES

 

 

Première cloche :          1.550 kg

 

‘‘En l’année 1956,

j’ai été consacrée en l’honneur de la Bienheureuse Vierge Marie.

Je remplace ma sœur cruellement détruite par la tempête de 1943

et dont j’ai accepté le nom et le sort.’’

 

‘‘PIE XII étant Souverain Pontife glorieusement régnant,

Joseph-Jean  HEINTZ, évêque de Metz,

 

Jean SCHUTZ, curé.’’

Deuxième cloche :         900 kg        

 

‘‘En l’année 1956,

j’ai été consacrée en l’honneur de Saint-Joseph,

époux de la Mère de Dieu et patron des ouvriers.

J’appelle les fidèles, individus et familles, à mener des mœurs chrétiennes,

et à obéir promptement à l’autorité de leur mère l’Eglise’’.

 

‘‘En l’année 1956,

j’ai été coulée par les ouvriers de l’entreprise CAUSARD à Colmar,

grâce à la générosité de très nombreux paroissiens,

 

à l’usage de l’Eglise Saint Denis de Farschviller’’.

Troisième cloche :          620 kg

 

‘‘En l’année 1956,

j’ai été consacrée en l’honneur de Saint-Denis,

patron de l’église de Farschviller’’.

 

‘‘En l’année 1956,

PIE XII étant Souverain Pontife,

Joseph-Jean  HEINTZ, évêque de Metz,

Membres du conseil de fabrique :

Jean DONATE président,

Paul KARST, Pierre BAUMANN,

Joseph JAGER, Lucien MAYER

 

Jean SCHUTZ, curé’’.

Quatrième cloche :        420 kg.

 

‘‘En l’année 1956,

j’ai été consacrée en l’honneur de Sainte Jeanne D’arc,

protectrice et gardienne des jeunes de la Patrie,

revêtue de l’armure de Dieu pour les protéger des intrusions ennemies’’.

 

‘‘Mon enfant, reste sage et pieux. Fréquente souvent l’Eglise’’.

 

 

‘‘MESSIRE DIEU, PREMIER SERVI !’’

 

LES  VITRAUX

 

Construite entre 1864 et 1866, l’église Saint-Denis de Farschviller est de style néo-gothique.

Comme toutes les constructions de ce style, ses ouvertures sont nombreuses et étroites. Dans notre église, on peut compter 23 vitraux et 16 rosaces. Dans les sacristies, on dénombre encore 6 autres vitraux.

 Les 10 vitraux des bas-côtés représentent les dix commandements.

Chaque transept est percé d’un double vitrail.

Dans le transept Nord, on peut voir l’Annonciation et dans le transept Sud, la Résurrection.

Le fond du chœur est éclairé par 5 grandes verrières : au centre, Saint-Denis, patron de l’église, entouré de ses deux compagnons martyrs : St Eleuthérius et St Rusticus, tous trois prêchant l’Evangile au bord de la Seine, à Paris.

A l’extrême gauche, Saint-Nicolas, patron de la Lorraine et, à l’extrême droite, Saint-Étienne, patron du diocèse de Metz

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le haut de la nef est percé de 8 petites rosaces représentant les huit béatitudes.

 

Sous les voûtes, chaque transept est percé de 3 rosaces. 

Du côté de l’Annonciation : la visitation, la naissance du Christ et Jésus enfant au milieu des docteurs de la loi.

Du côté de la Résurrection : l’Assomption, le couronnement de la Vierge et la Trinité.

 

 

Chacun des côtés latéraux du chœur abrite également une rosace : à droite la Pentecôte et à gauche Jésus au Temple.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le 15 décembre 1866, le conseil de fabrique approuve le projet de confier à
M. Laurent Charles MARECHAL, peintre verrier à Metz (1801-1887), la confection de trois vitraux peints et deux vitraux en grisaille pour le chœur de l’église. Le devis se monte à  2.873,47 francs. A cela, il faut encore ajouter les frais d’architecte ainsi que le grillage de protection derrière les vitraux : le tout reviendra à 3.017,12 francs.

Trente cinq ans plus tard, le 6 avril 1901, le conseil de fabrique projette le remplacement d’un de ces vitraux pour la somme de 2.200 RM (Reichsmark).

Les archives ne nous permettent pas de savoir si les autres ouvertures étaient ou non dotées de vitraux. Mais on peut supposer que ceux des transepts proviennent également des ateliers de Laurent Charles MARECHAL (les experts des ateliers ZETTLER - qui, au début du 20ème siècle, ont également réalisé des vitraux pour notre église - m’ont certifié que ceux-ci ne sont pas de leur facture).

En 1907, le village est frappé par un terrible orage de grêle : la quasi totalité des vitraux est irrémédiablement endommagée.

 

Le 14 octobre de la même année, la fabrique adresse une importante commande à la Königliche Bayerische Hofglasmalerei ZETTLER de Munich, soit 2 nouveaux vitraux pour le chœur (Saint-Etienne et Saint-Nicolas), 8 petites rosaces représentant les 8 béatitudes et 6 rosaces pour les transepts, le tout pour 6.900 RM (Reichsmark).

Deux ans plus tard, en 1909, ils sont installés. D’une très belle facture et d’une grande finesse, nos vitraux se distinguaient tout particulièrement par la beauté des visages et le souci du détail. En effet, tant MARECHAL que ZETTLER furent des maîtres verriers remarquables

 

 

 

Après la signature du traité de Francfort, le 10 mai 1871, l’Alsace et la Lorraine appartenaient au Reich en tant que ‘‘terres d’Empire’’. Les inscriptions sur les vitraux de la maison ZETTLER sont tout naturellement rédigées en langue allemande. 

Les 10 vitraux des bas-côtés, représentant les dix commandements, proviennent également de la maison ZETTLER. Mais à peine installés, en 1913, éclata la première guerre mondiale.

 Durant les quatre années de la première guerre mondiale, notre village, heureusement situé loin des champs de bataille, n’aura pas trop à souffrir de ce conflit meurtrier et nos vitraux resteront intacts.

Toutefois, les choses allaient plus que se gâter au cours de la seconde guerre mondiale.

Du 20 novembre au 4 décembre 1944, le village a connu des bombardements qui ont, non seulement, provoqué la destruction de plusieurs maisons, mais également sévèrement endommagé notre église.

Un projectile perça les voûtes du chœur tandis qu’un second décapita partiellement la flèche du clocher.

Presque tous les vitraux, et notamment ceux du chœur, éclatèrent en morceaux.

En grande partie répandu à même le sol, le verre fut ramassé et mis en caisses tandis que les parties encore suspendues furent démontées.

De nouveau, et pour de longues années, le verre blanc remplaça nos vitraux.

 

En 1945, Farschviller fut de nouveau rattaché à la France.

Il était donc devenu impensable de demander à la maison ZETTLER de Munich d’effectuer la restauration des vitraux : celle-ci fut confiée à plusieurs verriers français qui ont exécutés des travaux de qualités discutables et diverses.

Le 1er mars 1957, la maison OTT de Strasbourg posa les 4 vitraux des transepts, pour la somme de 440.000 francs.

 

En mars 1959, elle installa les 5 grandes verrières du chœur pour 778.000 francs.

En dépit de la catastrophe naturelle de 1907 et de trois guerres, notre église est encore, à ce jour, dotée de très beaux vitraux qui valent bien la peine d’être admirés … (et pourquoi pas au cours des offices, lorsqu’une homélie peut apparaître quelque peu longuette …). 

 

NOTRE ORGUE

 

Ce n’est pas sans difficulté que l’orgue a conquis sa place dans nos églises.

 

A l’origine, cet instrument fut tout d’abord profane et, par conséquent, longtemps écarté de la vie liturgique. Seule l’évolution des usages musicaux et les progrès techniques de la facture contribuèrent à la consécration de l’orgue comme instrument liturgique. C’est le seul instrument admis régulièrement dans les fonctions sacrées. Certains jours, ou au cours de certaines périodes, comme l’Avent ou le Carême, son emploi était toutefois prohibé. D’ailleurs, il faut remarquer que l’emploi de cet instrument n’est jamais indispensable, car la musique d’église est essentiellement vocale.

 

 

Très tôt, la paroisse souhaita acquérir un orgue car plusieurs villages voisins en possédaient déjà un. En 1844, une tribune fut élevée dans l’ancienne église et le compte rendu de la session du 15 avril 1860 du conseil de fabrique fait mention du désir d’acquérir un tel instrument.

Un traité provisoire fut donc conclu, entre le maire du village et l’entreprise VERSCHNEIDER, pour un montant de 4.150 francs.

Afin de financer l’instrument, les Farschvillérois devaient renoncer à leur portion de bois-grûmes ; quant au traitement de l’organiste ainsi que l’entretien de l’instrument, ils devaient être pris en charge par la commune : les archives et les sources ne peuvent cependant pas certifier de l’acquisition réelle de cet instrument.

Le 30 août 1868, la commune passa un nouveau traité avec Jean-Frédéric VERSCHNEIDER, pour la construction d’une tribune et d’un orgue dans la nouvelle église pour la valeur de 9.000 francs.

Il semble que, cette fois, l’instrument fut bien installé car, en 1896, la maison DALSTEIN-HAERPFER établit un projet de pneumatisation de l’instrument qui resta lettre morte. Mais l’année suivante, l’orgue bénéficia d’une simple réparation effectuée par Franz STAUDT de Puttelange.

 

Trois ans plus tard, on jugea l’instrument irréparable car, étant installé dans la tour même du clocher, il y avait beaucoup souffert de l’humidité et de la poussière.

En sa séance du 7 juillet 1901, le conseil de fabrique décida donc de faire reconstruire l’instrument dans un nouveau buffet, hors de la tour du clocher. Une nouvelle tribune de style néo-gothique devait remplacer l’ancienne jugée trop petite et qui ne correspondait plus au style de l’église.

 

Pour la réalisation du nouvel orgue, STAUDT réutilisa plus d’une douzaine de jeux de l’orgue de Jean-Frédéric VERSCHNEIDER datant de 1869.

Pour se rendre à la tribune, il faut monter un étroit escalier en colimaçon qui débouche sur un local où se trouvait, à droite, le mécanisme de l’ancienne horloge et, à gauche, suspendu, le soufflet qui sert à fournir l’air nécessaire au fonctionnement de l’orgue. Deux réservoirs à tables parallèles en plis, sont placés sur une charpente ; deux pompes cunéiformes de remplissage, avec action mécanique par un levier à bras, permettent leur remplissage. Depuis 1951, un ventilateur électrique effectue cette opération. En empruntant une des deux petites portes en bois, on accède à la tribune qui donne dans l’église. Dans le fond de cette tribune, se trouve placé le majestueux instrument fabriqué en 1901 par le facteur Franz STAUDT de Puttelange.

 

La façade de style néo-gothique contient, à l’étage supérieur, des tuyaux en étain et, à l’étage inférieur, des chanoines, c’est-à- dire des tuyaux factices. Ceux-ci furent placés à une date inconnue, les originaux ayant été réquisitionnés, en 1917, par les autorités allemandes.

Devant cette façade, se situe la console d’où l’organiste joue de l’instrument. Deux claviers de 54 touches chacun et un pédalier de 25 notes, le tout combiné à 21 jeux, permettent à l’organiste d’interpréter les pièces musicales les plus variées.

 

 

 

La transmission entre le clavier et le sommier s’effectue par voie pneumatique. Les côtés et la façade de l’orgue possèdent plusieurs portes qui permettent d’entrer à l’intérieur de l’instrument pour les réparations ou l’accordement de celui-ci.

 

On y voit 1150 tuyaux, soit en bois, soit en étain, et des dizaines de mètres de tuyaux de cuivre ainsi que des conduites d’air plus importantes faites en bois.

De temps à autre, il faut que l’orgue soit accordé, mais il est aussi parfois nécessaire de faire effectuer des travaux plus importants. Ceux-ci consistent dans le retrait de tous les tuyaux, dans l’ouverture des sommiers pour y changer les joints en peau de mouton dans le but de conserver une parfaite étanchéité de l’air. Cette dernière opération, qui porte le nom de ‘‘relevage’’, a été exécutée par André GUEBEL, en 1931, et  par Alphonse BLANARSCH, en 1946. Un ventilateur électrique a été installé en 1951. L’orgue a été de nouveau accordé par BLANARSCH en 1957, par HAERPFER en 1959, par Willy MEURER en 1962, par Michel JACOB en 1971 et 1978

 

En 2005, on procéda à un nouveau relevage ainsi qu’à la réparation des réservoirs d’air.

 

 

LA CHORALE SAINTE CECILE

 

Au cours de l’histoire de l’Eglise, la messe a subi de nombreux changements.

 

En 1922, au moment de la création de la chorale Sainte Cécile, on célébrait encore la messe telle que le concile de Trente la prévoyait. Le prêtre célébrait alors au maître autel, assisté, les grands jours de fêtes, du diacre et du sous-diacre, ou, les jours ordinaires, des enfants de chœur.

Les fidèles, dans les bancs, chantaient l’ordinaire de la messe, (Asperges me, Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Agnus) tandis que l’organiste, souvent seul, chantait l’introït, l’offertoire et la communion. Ces derniers morceaux changeant chaque dimanche, étaient méconnus des fidèles et, qui plus est, difficiles à chanter.

Les vêpres et les complies, presque toujours identiques, étaient parfaitement connues de tous.

Dans la plupart des églises de village, il n’y avait pas de chorale. L’organiste, le curé, ou quelquefois l’instituteur qui connaissait souvent la musique, chantaient l’introït, le graduel, la séquence, l’alléluia, l’offertoire et la communion. L’ordinaire, connu de tous du bout des doigts, était chanté par l’assistance. La messe des Anges, celle du temps ordinaire, celle de la Vierge, de l’Avent ou du Carême et une messe encore plus solennelle comme celle de Henri Dumont, revenaient en alternance tout au long de l’année.

 

Les plus anciennes mentions relatives à un chantre se trouvent dans les inventaires  des familles réalisés, au 18ème siècle, lors du décès d’un des deux du couple. Ainsi l’instituteur qui avait chanté le service des funérailles obtenait une rémunération des héritiers du défunt. Par ailleurs, une lettre du maire du village adressée au préfet en date du 15 avril 1866 dit que l’instituteur, Jean KOENIG, homme à tout faire dans la paroisse, était également le chantre. Pour tous ses services, il était rémunéré par le conseil de fabrique.

 

C’est en 1922, à l’occasion du baptême des nouvelles cloches, que l’instituteur, 
M. HIEBEL, amateur de chant et organiste
, rassembla pour la première fois plusieurs personnes pour leur enseigner le chant, afin que, durant les offices, les paroissiens puissent apprécier, comme à la ville, des chants plus variés.

Pierre BAUMANN, Eugène et Jean DONNATE, Henri GLAD, Jean KORB, Nicolas et Emile KOSCHER, Albert LANG, Marcel PORTHA, Alfred WERNET et Hugo WILMOUTH furent les premiers choristes.

Pendant six ans, M. HIEBEL les initiera à la musique et aux chants grégoriens.

A son départ en 1928, son successeur, M. Joseph JACQUEMIN, instituteur et organiste lui aussi, reprit tout naturellement la direction de la jeune chorale qui ne cessait de s’étoffer. Exclusivement masculine à ses origines, de nombreuses femmes grossirent, par la suite, ses rangs.

Sous la direction de M. Joseph JACQUEMIN, les choristes apprendront le chant polyphonique et certains morceaux trouveront leur place aux offices. 

Parallèlement à la chorale Sainte Cécile, une chorale d’hommes se créera.

A une époque où la télévision n’existait pas encore et où les divertissements étaient limités, le chant et la musique occupaient une grande place.

 

Nombreux étaient les villages qui avaient une fanfare ou une troupe de théâtre.  A Farschviller, certains choristes se regroupèrent pour chanter des opérettes. Ils connurent un franc succès et plusieurs représentations étaient souvent nécessaires pour que tous les habitants, et ceux des villages avoisinants, puissent assister à ces grands moments.  

Beaucoup se souviennent encore de l’épisode au cours duquel  la moustache de M. Gabriel METZINGER se détacha doucement pendant l’une de ses répliques. Celui-ci, afin de ne pas le faire remarquer aux spectateurs, préféra l’avaler que de la voir tomber à terre.

 

Il fallut interrompre le spectacle, car le pauvre Gabriel s’étouffait. Mme Barthel, la tenancière du café, lui fit rapidement manger de la choucroute crue, afin qu’il parvienne à avaler ce qui lui grattait tant la gorge. La représentation put enfin reprendre quand la foule eut  retrouvé le calme après tant d’émotions et de fous rires.

Après le décès de l’abbé Jean SCHUTZ, et le temps d’un court remplacement, l’abbé Alfred MONNET sera nommé curé de la paroisse (de 1961 à 1966).

La chorale connaîtra alors quelques difficultés avec son nouveau pasteur (peut-être était-elle un peu trop ancrée dans ses traditions ?).

Le curé se devait de mettre en place la nouvelle liturgie de la messe, selon le concile Vatican II. Et comme le courant aura quelque mal à passer, certains de ses membres quitteront alors la chorale momentanément, ou à tout jamais.

 

A l’automne 1969, l’abbé Lucien MULLER, le nouveau curé de la paroisse, arriva.

 

Pour les choristes, il n’est pas un étranger. En effet, 4 ans plus tôt, pour la première messe de Georges FLAUSSE, il a pris la direction du chant. De plus, Gérard et Emile RISSE, deux cousins éloignés, étaient membres de la chorale.

Une des raisons pour lesquelles Lucien MULLER accepta la charge de cette paroisse fut justement la chorale. Grand mélomane, il allait faire de la chorale, « sa » chorale.

 

 

 

Certains choristes firent leur retour : fort de toutes ces voix, l’abbé MULLER allait rehausser et embellir les célébrations.

Ayant ses propres idées quant à la musique et aux paroles, le répertoire de Lucien MULLER allait prendre forme.

 

Voulant exercer lui-même la direction du chant durant les offices, l’abbé MULLER fit en sorte que la chorale quitte la tribune de l’orgue. Ce qui restait du maître-autel fut enlevé afin que tous puissent prendre place dans le fond du chœur de l’église. Désormais toutes les messes dominicales, de mariage ou de funérailles furent solennellement chantées depuis le chœur de l’église.

 

 

Chaque année, la chorale se retrouvait pour d’autres petites prestations : quelques chants avant les pièces de théâtre, un chant devant le monument aux morts, quelques morceaux lors des inaugurations ainsi que l’animation de la traditionnelle fête des anciens.

Voilà bientôt un siècle que la chorale Sainte Cécile existe !

M. HIEBEL n’avait sans doute jamais imaginé que les choristes donneraient si longtemps le meilleur d’eux-mêmes pour nous enchanter, nous amuser, nous soutenir dans la prière ou bien accompagner nos défunts vers les chœurs célestes où Dieu souhaite nous retrouver.

 

Un très grand merci à tous ceux qui n’auront pas manqué de prêter leur voix pour la louange du Seigneur.

 

 

 

 

Quelques grands moments à ne pas oublier.

 

·       Les plus anciens se souviendront longtemps encore de Nicolas KOSCHER.

A la fin des vêpres, l’abbé SCHUTZ, incapable de chanter juste et ni même de trouver le juste ton donné par l’organiste, délégua à M. KOSCHER le ‘‘Benedicamus Domino’’.

De tout son cœur, celui-ci entonnait alors ce répond du haut de la tribune. Mais, comme les fixateurs de dentiers n’existaient pas encore, à plusieurs reprises, le dentier de Nicolas KOSCHER tomba au cours de la longue psalmodie de ce verset.

·       Comment ne pas oublier notre ami Bertrand BIBERIAN chantant Rossignole, Mama, O mama mia, der Hut, …

·       Une sortie d’excursion où tout le bus dut faire une halte prolongée devant la maison GERTNER, où le réveil n’avait pas sonné...

 

·       Notre voyage à Rome, chantant le ‘‘Veni Creator’’ sous la coupole de la Basilique Saint Pierre.

ADAMY Florian

ALBERT Adolphe

ALBERT Martine née GRIMMER

ALLARD Patricia née THINES

ANTON Nadège

APOSTOL Estelle

AUG Marie-Rose née MARX

BAEHR Patricia

BARONI Linda

BAUMANN Pierre

BECK Marie-José

BECKENDORFF Josette née FALK

BECKER Danielle

BEINSTEINER Alphonse

BEINSTEINER Damien

BEINSTEINER Marianne

BERG Anne-Marie

BIBERIAN Bertrand

BIBERIAN Cathy

BIBERIAN Georges

BIBERIAN Jean-Baptiste

BIBERIAN Martine

BIBERIAN René

BIBERIAN Xavier

BINGELMANN Mireille

BOUR Auguste

BOUR Cécile née CASPAR

BOUR Nadine

BOUR Solange née GRIMMER

BOUR Sonia

BOUR Yvonne née FLAUSSE

BRUCKER Eliane

BRUCKER Jules

BURGER André

BURGER Annelise

BURTIN Helga née BOUR

COLLING Céline

COLMANN Marthe

CONCINA Didier

CZYSEWSKI Marie-Jeanne née THIEL

DAMOND Murielle

DEGRANGE Pierre

DILMANN Francine née THIRION

DITCH Myriam

DONATE  Jean

DONATE Eugène

DONNATE Edmond

DONNATE Marylène

DUBINGER Eliane

DUBINGER Jules

DUBINGER Michel

DUBINGER Pierrette née DEGRANGE

DUBINGER Stanis

EHRHARDT Thierry

EIFFER Marlène

ESQUIROL Francine née MICHELS

FALK Geneviève

FISCHER Sandrine

FLAUSSE Annie née TRINKAWELL

FLAUSSE Benoît

FLAUSSE Christine

FLAUSSE Dominique

FLAUSSE Irma  née JEDAR

FLAUSSE Marie-Louise née HERBER

FROELICH Marie-Thérèse née ALBERT

GERTNER Cathy

GERTNER Sidonie née JACQUEMIN

GLAD Emile

GLAD Henri

GLAD Marcel

GLEMET Gilles

GOETZ Josie

GRATZIUS Danielle

GROSSE Véronique née BOR

GUERNIER Odette née SIMON

HAAG Monique née BOUR

HAMMANN Marjorie

HECTOR Christine

HERBERT Anne-Marie née KOSCHER

HERBERT Pierre

HERMANN  EMMA née GLAD

HERMANN Noel

HERMANN Romain

HEYDINGER Serge

HILPERT Lucienne née SIMON

HILPERT Michel

HILT Françis

HOFFMANN Brigitte

HOFFMANN Cathy

HULLAR Roland

JACQUEMIN Joseph

JACQUES Geneviève née SOBOCINSKI

JACQUES Magalie

JANSEM Lucie née MARON

JANSEM Valérie

KARST Thérèse

KIEFFER Jean-Jacques

KIEFFER Mariette née RISSE

KIEFFER Sonia

KIMOVEC Vincent

KIMOVECK Cyrile

KINDER Marceline née KOSCHER

KIPPER Rosine née JANSEM

KOMLANZ François

KONLANZ Jean

KORB Jean

KORB Raymond

KORP Yvonne née TRUNKVALD

KOSCHER  Nicolas

KOSCHER Emile

KUNTZ Cécile née FLAUSSE

LANG Albert

LANG Etienne

LATURNUS Barbara

LATURNUS Yolande née SCHEFFER

MATHIAS Fabrice

MAYER Lydia née BARTHEL

MEHLER Marion

METZINGER Gabriel

MICHELS Denise 

MULLER Christophe

MULLER Gérard

OBERON Maïté née MICHEL

ORLANDO Christelle née BOUR

PHILIPPE Marie-Claire née JANSEM

PITZ Germaine née KIEFFER

PITZ Monique

POLLRATZKY Josianne née WEBER

PORTHA Camille

PORTHA Marcel

RECHT Patricia

RIFF Catherine née ALBERT

RIFF Sonia née CZYZEWSKI

RISSE André

RISSE Denis

RISSE Emile

RISSE Gérard

RISSE Jeannette née BAUMANN

RISSE Lucie née BAUMANN

RISSE Lucien

RISSE Marie-Rose

SALINAS Jeannette née WERNET

SALINAS Patricia

SANCHEZ Paulette

SANCHEZ Robert

SCHEFFER Edwin

SCHEFFER Odette née JACQUEMIN

SCHISSLER Doris

SCHISSLER Jacqueline née JAGER

SCHISSLER Victor

SCHMITT Anne née GLAD

SCHNEIDER Patrick

SCHOEPP Carmen née MULLER

SCHOEPP Raphaël

SCHOEPP Stéphane

SEREGELJ Natacha

SEREGELJ Véronique née BIBERIAN

SIMON Marcel

SPLIT Anne

STEYER Brigitte

THIEL Sandrine née MATHIAS

THIL Francine née FLAUSSE

THIL Martin

THINES Corinne

THINES Gérard

THIRY Fabienne

TOUVENIN ................

VARIENGIEN Maryse née KUNTZ

WAGNER Christophe

WAGNER Mariette née SCHMITT

WAGNER Richard

WERNET Alfred

WILKE Nadia née JANSEM

WILMOUTH Hugo

WINTZERITH Marcel

WIRIG Agnès

WITKOWSKI Nadine

WOLLJUMG Carine

ZIMMER Jean

 

ZIMMER Pierre

 

 

LE CHEMIN DE CROIX

 

Dans les Evangiles, la Passion du Christ est certainement le récit le plus ancien.

 

Après que, en l’an 313 après JC, l’Empereur Constantin eût décrété la religion chrétienne comme religion d’Etat, et que celle-ci se répandît rapidement à travers tout l’Empire romain, les chrétiens vinrent en pèlerinage à Jérusalem pour emprunter le chemin qui conduisit Jésus du palais de Pilate au Golgotha.

Avec la paix constantinienne, les pèlerins affluaient de tout le bassin méditerranéen, cherchant à recueillir une précieuse relique : un peu de terre, un peu d’huile provenant d’une lampe du Saint Sépulcre, ou, pour les ecclésiastiques et les monarques, un petit bout de bois provenant de la Croix. Sainte Hélène, la mère de l’empereur, rapporta même quelques objets plus précieux, tels que les clous de la passion, le bois de la croix, la tunique de Jésus,…

 

Mais tous ne pouvaient se rendre en Palestine : aussi, peu à peu, 14 croix furent placées sur les murs ou les piliers dans les églises, formant comme une route que les fidèles pouvaient parcourir pour revivre la passion du Seigneur sans même quitter leur village. Ce n’est que bien plus tard que l’on commença à représenter les stations par des tableaux, des gravures ou des sculptures.

S’agissant des 14 scènes du chemin de croix de Farschviller, aucune inscription dans les registres de la fabrique ne nous permet d’en déterminer la provenance. Les motifs faits de terre cuite sont maintenus dans des cadres en chêne sculpté.

 

On peut supposer qu’ils furent acquis entre 1870 et 1918, puisque les inscriptions en lettres gothiques sont rédigées en langue allemande.

A l’initiative de quelques bénévoles, ces stations furent démontées, nettoyées, repeintes et vernies. Dans la dernière station, un journal du jour fut introduit portant la notification suivante : 

«Que celui qui trouve ce journal fasse célébrer une messe à l’intention de Marcel KOSCHER, André PHILIPPE, Jean-Paul ADAM et Adolphe HERBERT qui ont restaurés ce chemin de croix».

 

A eux, un grand merci de toute la paroisse.

 

LA GROTTE DE LOURDES

 

C’est à l’initiative de quelques hommes du village que fut élaboré un projet de construction d’une grotte de Lourdes à côté de l’église.

Les pierres, provenant de la cokerie de CARLIN, avaient été fournies gratuitement par les Houillères du Bassin de Lorraine, tandis qu’une collecte avait été organisée pour le financement des autres matériaux.

M. Jean KORB en effectua bénévolement la construction, tandis que
M. Valentin JAGER exécuta gracieusement son installation électrique et que M. Joseph JAGER confectionna gratuitement la grille.

 

La statue de la Sainte Vierge fut offerte par M. Michel FLAUSSE et l’abbé SCHUTZ offrit la statue de Sainte Bernadette.


Notre grotte ne cesse d’être entretenue et fleurie, grâce à la générosité de Mme Jeannette SALINAS et de M. Antoine LUCZAK.Pour la fête de l’Assomption de l’année 1984, le système électrique fut totalement restauré grâce à la générosité de M. Alphonse  BEINSTEINER et, l’année suivante, le mur fut recrépi par la commune.

 

 

 

 

LA VIERGE DE LA TOUR

 

 

C’est sous ce nom  que cette statue est connue de tous à Farschviller.

 

Pendant 230 ans, elle a trôné dans une  petite niche, sur le vieil autel en bois de la petite chapelle de la Mutterckirche.

 

En 1980, l’abbé Lucien Muller, conscient de la valeur de cette statue datant du 15ème siècle, la fit restaurer et placer à l’intérieur de l’église, afin de la protéger de tout vol éventuel. Elle fut tout d’abord installée pendant de nombreuses années à l’entrée du chœur. Récemment, elle a trouvé une nouvelle place au-dessus du petit autel latéral gauche.

Cette statue de pierre provient de l’ancienne église Saint- Denis.

Lorsqu’en 1754, l’église  fut détruite et que seule une petite chapelle témoignait encore de la présence d’un lieu de culte séculaire sur le site, la Vierge y demeura.

 On raconte plusieurs légendes à son sujet.

 

·       Pour certains, elle aurait trouvé refuge, lors de la Révolution, dans le moulin situé en aval des deux étangs, bien cachée dans une armoire. Un jour, alors qu’un prêtre était de passage, à l’approche de quelques révolutionnaires, la Vierge aurait frappé dans l’armoire, alertant ainsi le prêtre du danger, qui put prendre la fuite.

·       Pour d’autres, à l’occasion du transfert de tout le mobilier de l’ancienne église Saint-Denis dans la nouvelle église du village, elle fut, comme d’autres objets, placée sur un chariot tiré par des bœufs. Mais les bêtes de somme refusèrent de quitter les lieux malgré les coups de fouet. Ce signe du ciel montrait ainsi clairement que Marie voulait rester en ce lieu pour y accueillir tous ceux qui voulaient venir la prier.

 

 

Aujourd’hui, bien à l’abri à l’église, Notre-Dame de la Tour continue à veiller sur ses enfants de Farschviller, même si ceux-ci ne prêtent plus guère attention à elle.

 

 

LES  SUISSES

 

 

Dans la plupart des églises, aux fins de veiller au bon ordre et à la discipline, un homme, revêtu d’un uniforme, occupait la charge de ‘‘gardien’’.

Dans notre région, on l’appelait le suisse (sans doute en liaison avec la garde suisse qui, au Vatican, occupe des fonctions équivalentes).

Revêtu d’un bel uniforme, hallebarde et pommeau à la main, il précédait les processions ou bien arpentait, durant les offices, les allées de l’église.

 

A Farschviller, on retrouve dans les archives du conseil de fabrique, l’existence de cet emploi, depuis 1835. Dans les premiers temps, il sera occupé successivement par Jean RABOIN, Jean FROELIG, Jacques MULLER, Jean GRATZ,  Jacques THIEL, …

 

  • Le 5 juillet 1835, Jean RABOIN est nommé ‘‘suisse’’ pour une rétribution annuelle de 5 francs. La paroisse lui fournit l’uniforme.

 

  • L’année suivante, le 3 juillet 1836, le sieur Jean FROELIG prend la  relève pour trois ans. Il obtient, pour ce service, une rétribution de
    8 francs pour la première année, de 10 francs pour la deuxième et de
    15 francs pour la troisième. Il est également chargé de creuser les tombes. En contrepartie, il bénéficie des fruits des arbres du cimetière et de l’herbe qu’il y fauche.

 

  • En 1841, le sieur Jacques MULLER devient à son tour suisse pour 20 francs par an : lui aussi peut également recueillir les fruits et de l’herbe du cimetière.

 

 

  • En 1855, Jean GRATZ démissionne du poste de suisse : il est remplacé, le 15 avril, par Jacques THIEL.

Par la suite, les archives ne révèlent plus l’identité des suisses, successeurs de Jacques THIEL. Toutefois, on peut supposer que cette charge a été assurée jusque dans les années 1960.

Dans la mémoire de nos anciens, le dernier suisse de la paroisse est M. BODO

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

INSTALLATION DU COQ

 

La première mention de l’installation d’un coq sur la flèche du clocher remonte à 1908.  Ce coq sera réalisé par M. BRÜSCHKI de Rappoltsweiller.

 

Dans la nuit du 20 au 21 novembre 1944, les premiers obus américains tombèrent sur le village. La vie dans les caves durera jusqu’au 4 décembre. Trois personnes seront blessées par éclats d’obus.

Plusieurs maisons furent complètement détruites et la plupart des toitures endommagées. L’église a également beaucoup souffert : les voûtes du chœur se sont effondrées et la flèche du clocher est éventrée. Il faudra rapidement la démonter car elle menace de s’écrouler.

 

Ce sera chose faite en 1947. Une toiture provisoire en tôle coiffera le clocher jusqu’en 1952.

 

Avec les dommages de guerre versés par l’Allemagne, une nouvelle flèche en pierres de taille, presque à l’identique à l’originale, sera remontée, dès 1952, par l’entreprise Chanzy-Pardoux de Ars-sur-Moselle.

 

Et tout le village célébrera la fin des travaux par l’installation d’un nouveau coq à son sommet.

LES DEGATS

CAUSES PAR LA SECONDE GUERRE

A NOTRE EGLISE

 

 

Rapport de M. CANEL, expert à NANCY, du 31 janvier 1950

 

 

 

Eglise construite en 1866, soit un peu plus de 80 ans. Assez bel ensemble architectural, de style gothique avec nef principale de 6,80 m de largeur et
25,75 m de longueur, et nefs collatérales de 3,35 m de largeur. Elle comporte, outre le chœur, un transept de 6,05 m sur 17,10 m. Le bâtiment a ainsi une longueur totale de 41 m sur 14,50 m de largeur.

 

Un clocher formant porche d’entrée complète l’édifice ; il a une flèche très élancée et sa hauteur totale est de 48 m.

 

Le bâtiment est tout en pierre de taille d’appareil, sauf les voûtes en arc qui sont en briques. La pierre est du grès de Hellering (Moselle) à l’exception de la flèche qui est en pierre d’Euville (Meuse).

 

L’ensemble est fondé sur de la marne (roche argileuse contenant une forte proportion de calcaire) de consistance moyenne qui forme le sol de la localité. Les fondations sont légèrement ancrées dans cette marne du côté gauche et beaucoup plus du côté droit car le terrain naturel est en forte pente transversale de droite à gauche.

Les fondations ne comportent pas d’empattement et la maçonnerie paraît reposer directement sur le sol.

A part l’ossature en pierre de taille, le reste de l’édifice est relativement léger ; les voûtes sont surhaussées en forme d’ogive et sont peu épaisses et donc peu lourdes. Elles constituent plutôt un remplissage que des voûtes proprement dites. Leur portée est relativement peu importante : 6,80 m pour la nef principale et le chœur et 4,60 m pour les nefs latérales. On peut donc affirmer en toute certitude que la poussée exercée sur les piliers et les contreforts est relativement faible. Ceci est un point important.

 

En 1940, le côté gauche de l’édifice a reçu plusieurs obus de plein fouet, endommageant légèrement un contrefort et les murs, ainsi que les chéneaux et les tuyaux de descente.

 

Du 21 novembre au 4 décembre 1944, l’église a été à nouveau bombardée par l’artillerie. De nombreux obus de 150 ont pénétré par les fenêtres du chœur et du transept. D’autres ont atteint la toiture, les voûtes du chœur et le clocher.

 

 

 

Les dégâts ont été considérables et on constata, à l’époque, une fissure longitudinale dans la collatérale gauche, fissure s’étendant sur toute la hauteur de l’édifice. Cette fissure ne paraissait pas mettre en danger la stabilité de l’édifice, et l’architecte y fit placer des témoins.

 

En somme, dès 1945, on a constaté :

 

1°) l’ébranlement de toute la flèche du clocher et de sa base avec endommagement des pierres de taille la constituant.

2°) le décollement des murs latéraux de la grande nef, ses murs s’étant écartés des arcs exigus d’ogives.

3°) une fissure longitudinale médiane de la nef collatérale gauche se prolongeant depuis la façade jusqu’à l’absidiale en passant par le transept, coupant le bâtiment sur sa hauteur depuis le sol jusqu’aux voûtes y compris les murs perpendiculaires à l’axe de l’édifice.

4°) les dégâts importants à la toiture et à la charpente ainsi qu’aux chéneaux.

5°) une détérioration du mur de soutènement de la terrasse entourant l’église, lequel s’est écroulé sur place.

6°) enfin certains dommages moins importants aux voûtes en briques.

 

Jusqu’en août 1947, ces dommages ne s’aggravèrent pas. A cette époque, une fissure de la partie gauche de la nef paraissant s’être enfoncée de quelques centimètres provoquant ainsi un léger dévers du mur latéral. L’architecte de la commune fit procéder aux étaiements indispensables, démonter le clocher et la nef gauche fut interdite aux fidèles.

 

Pourquoi cette fissure s’est-elle subitement aggravée à partir d’août 1947 ?

Il est difficile de répondre à cette question avec certitude. Cependant on peut avancer comme explications le ramollissement de la marne du sous-sol par les infiltrations d’eaux pluviales provenant soit de l’édifice, soit du caniveau non pavé qui est en amont de l’église.

 

On doit considérer qu’un édifice de cette importance, qui a tenu solidement pendant plus 80 ans a été suffisamment fondé. Mais on peut reprocher à l’architecte qui l’a construit, d’avoir insuffisamment ancré les contreforts et les piliers. Il faut reconnaître toutefois qu’il ne pouvait tenir compte à l’avance des effets d’obus de gros calibre explosant à l’intérieur de l’édifice.

 

Nous estimons donc que les dommages constatés, même à retardement, sont une conséquence directe de faits de guerre. Nous ne pouvons donc conclure à un partage de responsabilité.

 

Néanmoins, pour réparer le bâtiment sinistré, il faut impérativement consolider les fondations et  remplacer les contreforts par des arcs-boutants en béton armé agrémentés de manière à présenter l’aspect de la pierre. Ces arc-boutants, ayant une forme gothique et reposant sur des blocs de fondation ayant 1,50 sur 1,50 de section, et enterrés d’au moins 1 m dans la marne en place.

 

En outre, des blocs de même importance seraient coulés contre la base des contreforts de manière à former une butée puissante aux pieds de ces derniers. Ces massifs pourraient être armés de fers verticaux, de façon à augmenter leur cohésion.

 

L’Etat évitera ainsi une reprise complète en sous-œuvre, dont le prix serait de plusieurs millions.

 

Il nous paraît normal étant donné l’amélioration qui en résultera pour les fondations de l’église, de mettre à la charge de la commune la dépense correspondante  aux blocs-butées des contreforts, dépense qui, suivant évaluation sommaire, ne dépasserait pas 300.000 francs.

 

 

Voici les différentes entreprises qui sont intervenues sur la réparation de notre église au lendemain de la seconde guerre mondiale.

 

ØEntreprise KOCH Jules. Travaux de zinguerie pour 96.104,98 francs.

ØEntreprise KLEIN Léon. Travaux de terrassement, maçonnerie, échafaudage, charpente, déblaiement pour 11.824,64 francs

ØEntreprise CHANZY et PARDOUX.

Travaux de consolidation pour 238.535,12 francs.

Entreprise OTT. Remplacement des vitraux détruits pour 2.210 francs.

ØEntreprise Bruno ELEPRENI. Travaux de reconstruction des voûtes pour 9.259.742 francs.

ØEntreprise NEVE  VIRGINION. Travaux de consolidation pour 53.000 francs

ØEntreprise BACH. Chauffage par air chaud avec un générateur ETNA de 60.000 calories et un brûleur automatique à charbon VOLCAN le tout pour 8.950 francs.

ØEntreprise HERBERT Pierre. Travaux de menuiserie pour 1.354,83 francs.

ØEntreprise JAGER Joseph. Travaux de ferronnerie pour 4.516,26 francs.

ØEntreprise JAGER Valentin. Remplacement du système électrique pour  7.670,08 francs.

 

ØEntreprise RISSE Adolphe. Travaux de vitrerie pour 1.371,96 francs.