LA CONFRERIE DE SAINT SEBASTIEN
Au 12ème siècle, se formèrent des associations de fidèles laïques qui avaient pour objectif l’assistance à la prière. Ces confréries ne demandaient pas de prononcer des vœux et n’imposaient pas le respect d’une vie communautaire ; elles étaient régies par un statut approuvé par l’autorité ecclésiastique. Chacune d’elles pouvait posséder des biens, participait à la vie citadine et avait un guide spirituel. Elles prenaient une part à la vie active de la ville par la construction d’hôpitaux, de chapelles ou par l’assistance qu’elles apportaient aux pauvres.
Saint Sébastien devait être déjà vénéré en notre paroisse, puisque déjà en 1835, nous trouvons dans les archives de l’évêché un document attestant que le pape Grégoire XVI, accorda une indulgence plénière et à perpétuité à tous les habitants de Farschviller qui se confesseraient et communieraient à la messe de saint Sébastien et de saint Denis
Mais infiniment plus précieux est le reliquaire qui fut présenté à la vénération des fidèles lors de la messe solennelle : il est aujourd’hui encore conservé dans la sacristie
Tous pouvaient s’approcher, toucher ou embrasser la vénérable relique. A coté d’elle, un membre de l’association tenait une bannière pour marquer d’une façon bien visible l’emplacement du reliquaire.
C’est ainsi que chaque année, à Farschviller, le dimanche le plus proche du 20 janvier, les plus anciens se souviennent de la fête de Saint Sébastien plus connue sous le nom de «Leberknädelfest ».
Mais cette fête, fondée en 1850, fut bien plus qu’une simple messe festive suivie d’un bon repas. L’association Saint Sébastien fut dotée de règles bien précises, dictées par l’évêque de Metz et approuvées par le Saint Siège.
Cette charte, autrefois scrupuleusement respectée et aujourd’hui ignorée, est soigneusement conservée aux archives départementales.
Elle stipule ce qui suit
Paul Georges Marie Dupont des Loges,
Par la miséricorde divine et la grâce du Saint Siège Apostolique, évêque de Metz.
Salut et bénédiction en notre Seigneur.
Vu la requête à nous adressée par M. KNOEPFLER, curé de Farschviller, de notre diocèse, tant en son nom qu’en celui de ses pieux paroissiens à telle fin qu’il nous plaise d’ériger en son église une association de prière en l’honneur de saint Sébastien, patron secondaire de la paroisse et dont la fête fixée au 20 janvier est célébrée avec exposition et bénédiction du Saint Sacrement à la messe et aux vêpres et à laquelle se trouve attachée, en vertu d’un indult apostolique en date du 9 mars 1826, une indulgence plénière pour toutes les personnes de la paroisse qui, après s’être confessées, communiaient le même jour.
Considérant que cette association ne peut que ranimer la foi des fidèles et produire des fruits abondants de salut.
D’autant favoriser le zèle de M. KNOEPFLER pour le salut des âmes et favoriser la piété des fidèles confiée à sa sollicitude pastorale.
Nous avons statué et ordonné, statuons et ordonnons ce qui suit :
Donné à Metz sous notre seing, le sceau de nos armes et la plume du secrétaire général de notre évêché le 10 octobre 1850. Paul Georges Marie Dupont des Loges,
Très vite, cette fête devint si populaire qu’on prit l’habitude, quelques jours plus tôt de tuer le cochon. Et bien sûr, le menu est alors tout trouvé : choucroute et quenelles de foie de porc et brioche en dessert. Pas besoin de faire de grandes courses, tous les ingrédients sont à la maison. Le grand tonneau en grès contenant le chou râpé et salé quelques semaines auparavant est ouvert et pour la première fois, on prélève la nouvelle choucroute
Le foie du porc, souvent tué la veille ou l’avant-veille, doit être rapidement consommé. Mélangé à de la farce hachée avec quelques épices et pochées à l’eau, ces quenelles accompagnent merveilleusement bien la choucroute. En dessert, on mangeait bien sûr la brioche des jours de fêtes, le « Kranzkuche ».
Farine et beurre sont faciles à trouver et chacun avait bien pris soin de mettre quelques douzaines d’œufs en saumure. Un verre de Schnaps pour une bonne digestion et il est déjà l’heure des vêpres.
Cette fête s’est si vite et si bien enracinée qu’elle n’a jamais pu être détrônée par celle de Saint Denis, patron de l’église et de la paroisse.
Depuis le départ de l’abbé Muller Lucien, on n’évoque plus la Saint Sébastien dans le calendrier liturgique de la paroisse, mais dans beaucoup de famille, les Leberknädel garnissent toujours encore la table ce jour-là.
Bien que la confrérie ait déjà disparue depuis bien longtemps, pendant 150 ans, les Farschvillérois ont fêté ce grand saint par des offices solennels et essayé de s’approcher de Dieu par une vie pétrie des valeurs chrétiennes et rythmée des liturgies liées à cette association.
Alors que l’église a souvent passé le culte des saints aux oubliettes, nos quenelles restent les derniers témoins de cette belle fête, la première de l’année, comme en témoigne le chant composé par Mr BAUMANN Aloïse.
Han ihr gehert vom Leberknädelfest?
Es isch im Jäner wenn’s gefrore ischt!
Das es gefeiert wird isch klor,
Es ischt es erschte Fescht im Johr:
Halt hoch das Leberknädelfest.
Zu aller ersht wird do e Schwinn geschlacht:
Do muss jo esse her, das wär gelacht:
Wer kommt isst met, wer auch er ischt.
E huffe Knädel uf jedem Tisch.
Halt hoch das Leberknädelfest.
Natirlich darf dabi da Win nit fehlen,
Nit nur die Mannslit hann jo durcht genehln,
Do geht der holwe Zahlda druff,
Un kuch’ isch do meh wie genug.
Halt hoch das Leberknädelfest.
LA FETE DE JEANNE D’ARC
Le village de Farschviller a toujours démontré une très grande dévotion pour cette sainte. On trouve sa statue dans le chœur de l’église aux côtés de Sainte Thérèse, de Sainte Barbe et de Sainte Elisabeth.
Lorsqu’en 1956, la commune commande de nouvelles cloches : la plus petite recevra le nom de Jeanne d’Arc. A chaque fois qu’elle sonne, elle lance dans le ciel et vers Dieu la prière qui est inscrite sur sa robe :
Mon enfant, reste sage et pieux.
Fréquente souvent l’Eglise
« MESSIRE DIEU, PREMIER SERVI ! »
Protectrice et gardienne des jeunes de la Patrie, elle est revêtue de l’armure de Dieu pour nous protéger des intrusions ennemies.
Certaines années, au jour de son martyre, une procession lui est consacrée.
Deux jeunes gens entrent à cheval au village. Au son des cloches, ils parcourent les rues, mimant ainsi Jeanne qui accompagne le roi Charles VII pour son couronnement à Reims.
On gardera en mémoire tout spécialement la procession du 13 mai 1923.
LA FETE DE SAINT CHRISTOPHE
Depuis des siècles, l’Eglise vénère Saint Christophe, le protecteur des voyageurs.
Avant d’entreprendre un voyage ou un pèlerinage, les fidèles demandent une bénédiction au prêtre.
Dans les siècles passés, tout déplacement, surtout lorsqu’il devait durer, présentait des risques considérables. Aux temps où l’on circulait à pied, où les routes n’existaient pas, ou peu, il était facile de s’égarer et d’errer pendant des jours entiers. Les campagnes étaient loin d’être sécurisées et nombre de voyageurs risquaient d’être agressés, voire tués, pour quelques pièces d’argent.
Au cours de longs périples, comme par exemple les pèlerinages, nombreux furent ceux qui, en cours de route, tombèrent malades et périrent loin de chez eux et les cimetières abritaient alors des tombes d’inconnus, décédés lors d’un voyage.
Plus tard, les voitures à chevaux ou les attelages facilitèrent ces longs déplacements, mais cela ne les rendait pas, pour autant, moins dangereux.
Après la seconde guerre, avec le boom économique, nos routes et villages furent fréquentés par des voitures de plus en plus nombreuses. Les déplacements, ainsi facilités, devinrent même un plaisir. Toutefois, et aujourd’hui encore, les accidents restent trop fréquents.
Aussi, à la bénédiction individuelle, succédèrent des bénédictions collectives. C’est ainsi que, dans de nombreuses paroisses, le jour de la Saint-Christophe, ou le dimanche le plus proche, à la fin de la messe, le prêtre bénissait ou bénit encore automobiles et conducteurs.
LA FETE DU SAINT SCAPULAIRE
Ce fut à la demande de l’abbé SIEBERING que fut instaurée, en janvier 1827, cette fête en notre village.
L’établissement de cette fondation comporte un certain nombre de conditions et de règles à suivre qui sont consignées dans un acte. Treize articles codifient le bon déroulement de cette fête.
1. Seul le prêtre de la paroisse peut célébrer les offices de cette fête.
2. Garçons et filles pourront devenir membres de la confrérie dans la mesure où ils auront fait leur première communion et fait preuve d’une bonne conduite.
3. Le curé remettra lui-même le scapulaire au candidat, après que ce dernier se soit préparé lors d’une retraite de plusieurs jours, se soit confessé et ait communié.
4. Toute personne, ne se conduisant pas de manière chrétienne, sera charitablement avertie, par trois fois, par le curé. Si la personne persiste dans sa conduite mécréante, elle sera définitivement rayée de la liste.
5. Les membres de la confrérie seront placés tout spécialement sous la protection de la Vierge et se devront d’imiter les vertus de Marie et les 1. appliquer dans leur vie quotidienne.
6. Ils s’approcheront le plus possible des sacrements de la pénitence et de l’eucharistie.
7. Ils se réuniront à l’église pour prier et attirer sur eux la grâce du Seigneur.
8. Du jour de la Fête du Saint Scapulaire jusqu’à l’octave, la bénédiction du Saint Sacrement sera donnée à la fin des messes, des vêpres et des complies, ainsi qu’à toutes les fêtes de la Vierge, de Saint Joseph, de Sainte Anne, de Sainte Madeleine et de Sainte Thérèse.
9. Les confrères sanctifieront les fêtes de Saint Denis et de Saint Sébastien célébrées dans leur église. Ils obtiendront les indulgences accordées par le pape Léon XIII, si les conditions sont remplies.
10. Pour les fêtes de Saint Denis et de Saint Sébastien, le Saint Sacrement sera exposé durant la messe et les vêpres.
11. Les confrères feront grande preuve de charité entre eux. Ils visiteront les malades, prieront pour eux et prendront part à leurs funérailles et aux services pour le repos de leur âmes.
12. Les confrères participeront dans la mesure de leurs moyens aux frais du culte.
13. Le jour principal de la Fête, ainsi que ceux de la Vierge et tous les deuxièmes dimanches du mois, le produit de la quête se fera au profit de la confrérie.
LA FETE-DIEU
Depuis le premier siècle, chaque premier jour de la semaine, c’est-à-dire le dimanche, l’Eglise célèbre l’Eucharistie.
Ce fut certainement Sainte Julienne de Cornillon, née à Liège en 1193, qui fut l’instrument choisi par Dieu pour l’établissement de la Fête-Dieu.
Dès l’âge de 16 ans, elle eut, à plusieurs reprises, des visions au cours desquelles elle aperçut le disque de la lune. A ce disque, il manquait un segment et elle comprit qu’il représentait le cycle des fêtes liturgiques annuelles auquel il manquait une solennité, celle en l’honneur du Très Saint-Sacrement de l’autel. En 1230, l’archidiacre de Liège fut informé de cette carence. Lorsqu’il devint pape sous le nom d’Urbain IV, il institua, en 1252, cette nouvelle fête, le jeudi suivant la Trinité.
En 1318, le pape Jean XXII prescrivit de porter l’Eucharistie en procession. Tout d’abord l’hostie fut portée dans un ciboire et, plus tard, tout naturellement, l’idée vint d’utiliser les reliquaires des saints, car nul n’était aussi vénérable que le Corps même du Christ.
Peu de célébrations liturgiques causaient plus d’émotion à la piété chrétienne que les processions de la Fête Dieu.
Les préparatifs de cette pompe majestueuse occupaient les paroissiens des semaines durant. On procédait souvent à une quête dont le produit servait à l’achat des matières nécessaires aux ornementations, tant des reposoirs que de la décoration des rues : des dames pieuses ont ouvert des ateliers qui fonctionnaient certains jours de la semaine pour la confection de ces décors.
Quand arrivait enfin le jour de la fête, toute la population était sur pied pour orner les fenêtres, décorer les reposoirs, accrocher les banderoles et recouvrir les rues avec un tapis fait de fleurs et de verdure.
Les mamans habillaient de blanc leurs fillettes, mettent le voile à leurs communiantes et le brassard à leurs communiants.
L’heure de la procession venue, toute la paroisse était prête pour suivre le Saint-Sacrement. Au chant des hymnes et des cantiques, la procession s’avançait et les croyants s’amenuisaient.
Ce fut l’abbé Jean SCHUTZ qui fit acheter ce très bel ostensoir. Il est précisément de la forme des reliquaires qui étaient utilisés à l’origine. Cette forme porte le nom de monstrance.
Il s’agit d’une sorte de grand manchon soutenu par un pied : il est orné de clochetons et pinacles, surmonté d’une flèche terminée par une croix. A l’intérieur du verre, un croissant soutient l’hostie.
Cette monstrance s’intègre particulièrement bien au style néo-gothique de notre église et de son mobilier.
Après la messe, tous les paroissiens quittaient l’église pour se rendre en procession aux différents reposoirs dressés au gré des rues décorées d’arcs de triomphe. Toutes les maisons étaient ornées de bouquets de fleurs, de fanions aux couleurs du Vatican, de croix et même quelquefois de statues.
Mais notre belle monstrance n’aura parcouru que fort rarement les rues du village, car elle était trop lourde pour être portée sur une telle distance.
C’est l’un des deux autres ostensoirs qui fut alors utilisé pour les processions.
L’ostensoir, ici posé sur le reposoir, est une croix en bois précieux décorée de métal doré. En son centre, une ouverture vitrée permet d’insérer l’hostie.
Cette procession était l’un des événements les plus importants dans la vie de la paroisse.
Afin de permettre une grande et belle solennité, tout le village y participait activement.
LA FONDATION DES QUARANTE HEURES
En 1860, M. Jean STENGEL, maire du village, son épouse Angélique RESLINGER, son frère Jean-Georges et ses sœurs, Elisabeth et Anne Marie, vont assurer une rente annuelle et perpétuelle de 60 francs à la paroisse qui, en retour, aura la charge de faire célébrer, annuellement et à perpétuité, la solennité des 40 heures.
Le dimanche de la quinquagésime ainsi que les 2 jours suivants, le Saint-Sacrement est exposé. Chaque soir, la bénédiction du Saint-Sacrement est donnée.
Le lundi et le mardi, deux messes sont célébrées devant le Saint-Sacrement exposé.
Les sermons de ces trois jours sont à l’intention des donateurs.
La famille STENGEL n’est certes pas à l’origine de cette dévotion des 40 heures qui remonte au 16ème siècle dans le diocèse de MILAN.
Le Saint-Sacrement exposé durant 40 heures, c’est-à-dire le temps durant lequel le corps du Seigneur Jésus est resté au tombeau, permet aux fidèles et au clergé de se relayer pour adorer Jésus présent dans l’Eucharistie.
Saint Ignace de Loyola et Saint Philippe Néri furent les grands propagateurs de cette dévotion. Elle prendra rapidement une orientation particulière, celle de réparer les blasphèmes des protestants qui nient la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie.
Plus tard, le pape Clément VIII transformera cette pratique en adoration perpétuelle. Un peu partout, des confréries voient le jour et leurs membres promettent de prier régulièrement devant le tabernacle, d’accompagner à tour de rôle les prêtres lorsqu’ils portent la communion aux malades, de veiller à l’ornementation de l’autel du Saint-Sacrement et de prendre en charge la procession de la Fête-Dieu.
Cette confrérie ne se contente pas seulement de pratiques de dévotion. Ses membres y adjoignent également des œuvres de charité comme l’instruction des enfants pauvres, la visite des malades, l’aide aux indigents, la protection des jeunes filles, la conversion des protestants et le soutien spirituel et matériel des missions. C’est dans cet esprit qu’au quotidien, beaucoup de nos ancêtres vivaient et approfondissaient leur foi.
Il est difficile de savoir avec exactitude l’importance et l’ampleur que prit cette fondation en notre village. La famille STENGEL l’aurait voulue à perpétuité. Toutefois, il semble bien que, moins de 100 ans plus tard, les 40 heures ne se figuraient déjà plus dans le calendrier religieux de Farschviller.
L’OCTAVE DES MORTS
Le 15 février 1859, l’Octave des Morts fut instaurée comme fondation à Farschviller .
Tout commença avec l’ouverture du testament de l’Abbé PICARD, curé de la paroisse. Par acte notarial, déposé chez M. ORLOT, notaire à Faulquemont, il fit une donation colossale de 2.400 francs à la fabrique de l’église.
Celle-ci accepta cet héritage et le plaça, avec autorisation de l’évêque et du préfet, en capital d’Etat.
En acceptant cette donation, la paroisse s’engageait à respecter les volontés de son ancien pasteur. Désormais, il faudrait célébrer, annuellement et à perpétuité, 6 messes de requiem et 8 vêpres des morts, pendant l’Octave des Morts.
Ces vêpres devaient être suivies de la bénédiction du Très Saint Sacrement et de 4 sermons.
Selon la volonté du testateur, les 6 messes chantées devaient être célébrées pour les personnes suivantes :
· la 1ère , pour la famille défunte de Georges NAGEL,
· la 2ème , pour les défunts de Suzanne CARBINER épouse NAGEL,
· la 3ème , pour les défunts de Catherine VERNET,
· la 4ème , pour les défunts de l’Abbé MAYER,
· la 5ème , pour Nicolas MANGEL et les trépassés de son épouse Suzanne DONATE,
· la 6ème , pour les défunts de Pierre RISSE et Jeannette BRAUN.
En outre, devaient être célébrées, le lendemain de l’Octave, ainsi que le jeudi suivant, une messe haute, c’est à dire avec exposition et bénédiction du Très Saint Sacrement. Ces 2 messes étant célébrées pour tous les bienfaiteurs qui avaient contribué à cette Sainte Octave.
Le pape Pie IX accorda même une indulgence plénière et à perpétuité, à tous les habitants de Farschviller qui se confesseraient et communieraient à l’une de ces messes.
Dans les années 1850, le rapport à la mort était encore très fort : on naissait et on mourait à la maison. Dans chaque foyer, plusieurs générations cohabitaient et tous les membres de la famille accompagnaient le départ de leurs proches.
Lorsqu’on sentait la fin imminente d’un parent, le prêtre, accompagné d’un enfant de chœur, apportait le viatique et donnait l’extrême-onction. Puis, on attendait le dernier soupir de l’agonisant.
Pendant ce temps, on allait voir le menuisier pour la confection du cercueil et le fossoyeur pour creuser la tombe. Après le décès, commençait tout un rituel :
une chambre était vidée pour y exposer le défunt et accueillir familles et voisins. Du pain et de la soupe étaient prêts pour ceux qui veillaient le défunt, surtout la nuit. Il fallait prévenir la famille, préparer des lits pour accueillir ceux qui venaient des villages voisins. Du jour de la mort jusqu’à l’enterrement, tout le village s’associait au deuil de la famille. L’angélus du soir était remplacé par le glas lugubre qui rappelait à tous ‘‘que nous ne sommes que de passage’’.
Les funérailles, souvent célébrées le matin, permettaient à tous les paroissiens d’accompagner, une dernière fois, celui ou celle qu’ils avaient connu(e) et aimé(e).
Chaque année, le 2 novembre, l’église célèbre des messes pour tous les défunts. Cette fête des défunts était jadis suivie d’une octave, c’est-à-dire de 8 jours de prières et de messes. Là encore, le glas remplaçait les angélus, l’église était revêtue de tentures noires. Ce fut justement au cours de cette période, que l’abbé PICARD voulut créer sa fondation.
Chaque jour, les fidèles priaient et participaient aux offices en espérant que d’autres prendraient leur relève et prieraient, un jour, à leur intention.
Cette pratique perdura jusqu’à la seconde guerre.
La mort, qui jadis faisait partie de la vie de la famille, est maintenant, le plus souvent, passée sous silence. Autrefois, on naissait et on mourrait entouré des siens. Aujourd’hui, on décède le plus souvent seul, dans l’anonymat d’un hôpital. Jadis, tout le village accompagnait le défunt de sa maison à l’église, puis au cimetière. Aujourd’hui, les choses ont bien changé : il arrive même que quelquefois notre église soit presque vide à l’occasion de la célébration d’obsèques.
LES ROGATIONS
Les processions des rogations sont des supplications pressantes, organisées dans les jours qui précèdent la fête de l’Ascension, pour attirer les bénédictions de Dieu sur les personnes, leurs biens, et plus particulièrement sur les fruits de la terre.
Dès l’aube, dans les campagnes, le prêtre, précédé de la croix, des enfants de chœurs et de la chorale, et suivi de la foule, parcourait les chemins en chantant les litanies des Saints. Trois jours durant, on parcourait ainsi le territoire paroissial divisé en différents secteurs. Les paroissiens ont bien sûr à cœur de vivre en parfaits chrétiens, sans oublier le souci de leurs récoltes et la fécondité de leurs animaux. Jusque tard dans les années 1950, cette procession avait cours à Farschviller. Les enfants des écoles, accompagnés de leurs instituteurs et des religieuses y participaient tous.
Ces processions rappelaient à tous, que Dieu est le maître de la pluie, du beau temps, de l’abondance ou de la disette, de la santé et de la maladie. De tout cela, les chrétiens retiennent que seul, un travail, accompli sous le regard de Dieu, mérite bénédiction.
NOS CALVAIRES
A Farschviller, comme dans beaucoup de villages, on trouve plusieurs croix plantées au bord des chemins, près des maisons, dans les jardins, au bord d’une forêt ou au milieu d’un champ. Ces croix portent communément le nom de « calvaire ».
Ce mot vient du latin « calvarium » qui est la traduction de l’araméen « Golgotha » qui est le lieu où Jésus fut crucifié il y a 2.000 ans.
Il faut savoir que l’usage d’ériger des croix, en Gaule, remonte au sixième siècle de notre ère. Mais, déjà, avant le 6ème siècle, les romains érigeaient des colonnes ou de petits monuments votifs le long des chemins pour s’attirer les bonnes grâces de leurs dieux.
C’est ainsi que nos lointains ancêtres, convertis au christianisme, ont commencé à édifier des croix en l’honneur du vrai Dieu Jésus-Christ. Peu à peu, ces calvaires ont remplacé les monuments païens.
Il existe différents types de calvaire.
1. Les croix au bord des chemins sont souvent la survivance de ces cultes païens. Mais ils pouvaient également servir de guide aux pèlerins sur les routes de pèlerinages.
2. Erigées sur une place publique, elles avaient souvent comme but de moraliser les transactions sur les marchés.
3. Elles pouvaient être érigées sur le lieu de décès de quelqu’un. Par cette croix, on demandait des prières pour le défunt.
4. Certaines de ces croix offraient des indulgences à ceux qui venaient y prier. Elles portaient souvent l’inscription des prières à réciter : Ave, Pater ou autres prières ….
5. Les croix de mission étaient, quant à elles, élevées à la fin d’une semaine de prédication d’un missionnaire dans une paroisse.
6. Les croix de jubilé, érigées lors des années saintes pour ceux qui ne pouvaient se rendre à Rome.
7. Les croix votives élevées en reconnaissance d’un vœu accompli.
8. Les croix commémoratives marquaient l’endroit où était survenu un événement tragique, comme un meurtre ou un accident.
9. Certaines croix pouvaient être érigées sur les lieux d’exécution.
10.D’autres furent édifiées pour remercier le ciel d’avoir épargné un village lors d’une épidémie de peste.
Toutes ces croix sont toujours l’expression religieuse populaire d’une communauté chrétienne.
Beaucoup de ces calvaires ont connus la destruction lors de la Révolution à cause de la loi du 23 frimaire de l’an II (13 décembre 1793) qui ordonnait la destruction de tout symbole chrétien.
Aujourd’hui il reste encore quelques calvaires qui ont su résister au temps et échapper aux guerres et aux révolutions.
Mais il nous est cependant difficile de retrouver leurs origines exactes et leur histoire.
Au bord du chemin qui mène à Diebling, aux abords de la ferme de ‘‘Gansweiler’’ située sur le ban de Johannesweiler, village aujourd’hui disparu, se trouve cette croix en partie détruite. On raconte qu’elle fut érigée par un des propriétaires de cette ferme dont la fille avait été tuée par un chien. Lorsque j’étais enfant, deux marronniers encadraient encore ce calvaire.
Cette croix de pierre peinte, aujourd’hui disparue, se trouvait également sur le ban de Johannesweiler, à 150 de distance de la précédente en direction de Diebling. Rien de ses origines nous est connu.
Dans la rue Abbé Schutz, adossée à un garage, cette vieille croix fut certainement édifiée lors d’une mission prêchée par quelques religieux au 19ème siècle. Jusque dans les années 1970, toutes les processions pour les grandes fêtes religieuses ou les grands moments paroissiaux débutaient au presbytère. Cette croix indiquait justement l’entrée du potager devant l’ancien presbytère.
Cette croix de pierre se situe dans la descente au village, entre la rue principale et la rue des grenouilles.
Saint Jean et la Vierge Marie assistent à l’agonie de Jésus. Elle est plantée dans un jardin où se trouvait jadis une carrière de pierre. Si son histoire ne nous est plus connue, on peut supposer toutefois qu’elle fut érigée par les proches de Jean MAYER d’Ellviller qui perdit sa vie dans cette carrière.
A Farschviller, nous connaissons tous cette croix sous le vocable de « la croix bleue ». Simple croix de bois, elle se trouve plantée aux abords de la forêt sur le chemin de Hoste. On l’appelle la croix bleue, car depuis des décennies elle est régulièrement repeinte en couleur bleue.
La date du 12 juin 1935 y est inscrite en peinture noire. Cette croix est implantée à l’entrée du petit chemin forestier qui mène à la source du Messelbrunnen, bien connue de tous, car elle ne tarissait jamais. Il y a quelques années encore, nombreux étaient ceux qui venaient y puiser l’eau nécessaire pour allonger l’alcool utilisé pour la distillation de leurs fruits. Nous savons que les sources étaient des lieux sacrés pour les païens et de petits édifices indiquaient souvent leur présence. Cette croix indique peut-être tout simplement l’entrée du chemin qui conduit à cette source.
En face de celle celle-ci se trouvait cette autre croix de bois disparue depuis déjà quelques décennies.
Cette croix de pierre est plantée à l’intersection d’un ancien chemin que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de ‘‘rue de la croix’’ et du ‘‘Totenweg’’ qui reliait le village à Ellviller
Aujourd’hui disparue, elle se trouvait plantée sur les hauteurs du ban de Farschviller tout près de l’actuelle château d’eau .
Le temps à fini de ronger ce vieux bois comme il a fini par nous faire oublier son histoire.
Cette croix se trouvait jadis dans le jardin de Mr Pierrot BOUR au N°44 de la rue du cimetière. Elle était dédiée à saint Hubert, patron des chasseurs, mais nous ignorons tout à son sujet.
Dans la forêt en direction de l’autoroute, cette croix commémore l’endroit ou fut tué accidentellement par un autre chasseur Mr WIRIG originaire de Henriville.