PRETRES ET RELIGIEUX
ORIGINAIRES DE FARSCHVILLER
Le nom de Farschviller était bien connu à l’évêché de METZ, puisque c’est un véritable ‘‘nid’’ à prêtres.
Chaque siècle aura donné plusieurs de ses enfants pour le service de l’Eglise et l’annonce de l’Evangile.
Même en ce troisième millénaire où les vocations se font rares, en dix ans, 2 enfants du pays y célébraient leur première messe et un diacre permanent y fut ordonné.
Il semble, en regardant cette liste, que notre village possède un écho tout particulier, où retentit, peut-être un peu plus fort qu’ailleurs, l’appel du Christ.
Antoine THINESSE était manœuvre tonnelier, originaire de Guébenhouse.
MAYER Jean Nicolas
ALBERT Nicolas
Il décède 23 août 1968 à Courcelles-Chaussy
Le 1er août 2006, aumônier de Mourmelon-Suippes
MICHEL SCHWARTZ
D’après les notices biographiques de Frère Pierre Fourier Picard
Frère Ruf SCHWARTZ est décédé le 29 juin 1886 à Stillorgan à l’âge de 37 ans, après seulement quatre années de religion.
Michel est né le 16 novembre 1849 à Farschviller en Moselle.
Fils naturel de Catherine HOUPERT, il est élevé par sa maman et sa grand-mère, Eve CARBINER. Son grand-père, Michel, avait émigré aux Etats-Unis, où il est décédé le 21 juin 1833.
Le 9 février 1865, Catherine épouse Pierre SCHWARTZ, natif de Rémering, qui reconnaît et légitime Michel, alors âgé de 16 ans.
Le 12 décembre 1871, à l’âge de 25 ans, il entre dans l’Ordre des Frères Hospitaliers de Saint Jean de Dieu.
« Le Frère RUF a été le plus humble de tous ceux de nos religieux que j’ai connus et mérite un souvenir dans ces notes nécrologiques. »
Il fit son noviciat à LILLE, sous la direction du Père Laurent. De terribles scrupules le tourmentaient au point qu’il se pensait indigne de porter l’habit religieux.
En dépit de tous les conseils qu’on lui prodigua, il succomba à la tentation de quitter l’Ordre duquel il ne se croyait pas digne d’être appelé.
Et il n’était pas encore très éloigné du couvent qu’il regrettait déjà d’en être parti.
De retour dans sa famille, il se sentait comme un poisson hors de l’eau : il était malheureux.
Dès lors, il fit toutes les démarches possibles auprès du Père Provincial pour obtenir sa réadmission. Le Père Maître exigea une épreuve, un délai.
Notre homme ne se découragea pas pour autant et insista plus que jamais pour faire accepter sa réintégration.
En 1881, à STILLORGAN, lors de la visite canonique du Père Provincial, celui-ci reçut une nouvelle supplique, plus pressante que jamais.
- «Si vous le voulez, je vais le faire venir ici »,
- «Comme vous voudrez, lui dis-je ».
Le jour même, le Père Provincial écrivit en Moselle et posa à Michel SCHWARTZ, comme condition pour sa rentrée dans l’Ordre, qu’il partit pour DUBLIN en qualité d’oblat.
«Je serais bien allé au bout du monde, me dit-il dans la suite, pour rentrer dans l’Ordre ».
Tout de suite, il se mit à l’œuvre.
Selon les notices biographiques du Frère Pierre Fourier PICARD, à cette époque-là, la maison de DUBLIN n’existait que depuis une année et rien n’y était encore bien organisé.
‘‘D’une taille extraordinaire et d’une force peu commune, il pouvait soulever sans peine des fardeaux énormes. Son grand corps était plus vite chargé que rempli. C’était une ossature de géant. Aussi notre grand et long frère RUF avait toujours faim, ce qui lui causait une véritable souffrance. Ajoutez à cela une somme incroyable de fatigues et vous ne serez pas surpris de la quantité d’aliments qu’il absorbait. Il n’était pas difficile : du pain sec lui suffisait. Vu ce tempérament, je me vis forcé de lui donner l’ordre de manger à sa faim.
‘‘Tous les travaux lui étaient bons, rien ne le rebutait. Il profitait de ces labeurs pénibles pour mater son corps, sa bête de somme. Une fois la maison un peu organisée, il fut chargé de la basse-cour. Ni la pluie, ni le vent, ni la chaleur, ni le froid, rien n’arrêtait ce bourreau de travail. Frère RUF ne possédait qu’une médiocre patience ; aussi s’emportait-il fréquemment, mais il savait aussi s’humilier et demander pardon.
‘‘Sous un extérieur commun, ce géant était très pieux, fervent, régulier et aimait la pauvreté. Dans toute la ville de DUBLIN, nous n’avions pu lui dénicher des chaussures adaptées à sa pointure : ses pieds étaient des ‘‘bateaux’’. Ne disons rien de son nez, qui était formidable.
‘‘Tout cela ne l’empêchait pas de se montrer très délicat. Son attachement à notre Ordre était extrême, sa simplicité de cœur vis-à-vis de son prieur était toute de confiance et d’affection, que seul égalait son profond mépris pour lui-même. Par exemple, il était intraitable sur le chapitre de la singularité.
‘‘J’avais fini par éprouver une véritable vénération pour le colosse si doux et si humble. Sa vie rude, son peu de soin de sa personne, son travail incessant finirent par avoir raison de ce corps si solide. Une affection cardiaque se manifesta, très douloureuse d’après les médecins. Il fallut enlever le bon frère de la basse-cour pour lui confier la garde de quelques malades tranquilles. Dans ce nouveau poste, il continua à se dévouer et à donner des preuves de sa bonne volonté. Il ne pouvait supporter les vêtements déchirés sur ses malades, c’était plus fort que lui. Bien que ne sachant pas manier l’aiguille, qui se perdait entre ses gros doigts, il se procura le nécessaire pour se muer en tailleur en cas de besoin. Comme il était myope et que son adresse en couture était nulle, il faisait des points si extraordinaires et des coutures si invraisemblables qu’il nous divertissait. Son amour de la pauvreté et de l’économie était bien au-dessus de ses talents de couturier.
‘‘Pendant ce temps, sa maladie s’aggrava. Il savait qu’il était en danger. Se voyant dépérir tous les jours davantage, il parlait de son prochain voyage vers le Bon Dieu comme de la chose la plus ordinaire, la plus simple du monde. Pour lui, c’était comme un changement de maison. Rien ne le troublait dans une situation aussi grave. Tout en ne perdant jamais une minute, frère RUF se préparait, par la prière, au grand voyage. Pour lui, mourir, c’était tout simple.
‘‘Ce dévoué religieux avait un extraordinaire désir de voir grandir et prospérer la maison, et il m’en parlait fréquemment.
Comme certaines mesures avaient été prises au cours d’une visite canonique, je lui répondais que j’avais les mains liées et que mes efforts dans ce sens avaient été vains.
‘‘Un jour que nous parlions encore de l’avenir de la maison et de son accroissement et qu’il insistait particulièrement, je lui proposai l’arrangement suivant :
- « Vous savez que je suis lié par l’obéissance. Or, puisqu’il nous semble à tous les deux que cette faveur serait utile au développement de l’œuvre, il faudra, quand vous serez au Paradis, nous obtenir cette faveur. Ce sera, pour moi, la meilleure preuve de votre admission au ciel ».
- «C’est bien, Père Prieur, volontiers, volontiers» dit-il à plusieurs reprises.
‘‘Il tint parole, la faveur fut accordée par l’autorité sans qu’il fût besoin d’en renouveler la demande.
Enfin, frère RUF se vit condamner à garder le lit et à souffrir beaucoup. Il lui semblait que tout se brisait, se détraquait en lui, que son cœur se déplaçait dans sa poitrine. A leur tour, les entrailles firent cruellement souffrir notre malade. C’est alors qu’il reçut en paix les derniers sacrements. Après une agonie de quelques minutes, le 29 juin, au moment où sonnait l’angélus de midi, notre cher colosse rendit son âme à Dieu.
‘‘Huit jours après son décès, le Père Provincial m’autorisait à prendre ces mesures que le cher défunt avait tant désirées mais que l’autorité avait si énergiquement refusées.
Cette autorisation spontanément accordée, alors que la demande n’avait pas été réitérée, ne me permettait-elle pas de croire à bon droit que le frère RUF était au ciel et que sa prière était efficace.
C’était le religieux le plus humble, le plus malhabile, le plus mal équité, le plus commun, le moins considéré que j’eusse connu.
Eh bien, il était au ciel ; la preuve visible et éclatante nous en était donnée.
Combien les voies de Dieu sont donc différentes de celles des hommes
Les premiers seront les derniers et, dans la maison du Seigneur, il est honorable d’être le dernier.
PREMIERE MESSE DE HENRY MAYER
- 7 août 1927 -
Pour la troisième fois depuis le début du 20ème siècle, la paroisse est fière de voir l’un de ses enfants gravir les marches de l’autel.
Quelques mois avant la mort de l’abbé BONAVENTURE, Henry MAYER célèbre, ce 7 août 1927, sa première messe.
Né le jour de la Toussaint 1895, de Henri MAYER, de Farschviller et de Marie KIFFER, originaire de Biding, le jeune Henry grandit dans une famille d’agriculteurs simple et pieuse.
Très jeune, il perçoit un appel à suivre le Christ. Avec son curé, il discernera sa vocation. Marqué par la grande simplicité familiale, il est sensible à la pauvreté. Il n’entrera pas au séminaire diocésain, mais préfèrera chercher le Christ dans les pas de Saint-Vincent de Paul, et c’est en tant que lazariste qu’il donnera sa vie au Christ.
Après ses études et son ordination, le nouveau prêtre, âgé de 32 ans, célébra sa première messe en l’église de notre village. Ce sera une grande joie pour le vieux curé qui aura vu éclore 7 vocations dans sa paroisse.
· Jean-Gustave PITZ en 1896
· Auguste Joseph HAMANN en 1902
· Gabriel BALZER en 1914
Au soir du 7 août 1927, dans sa prière du bréviaire, l’abbé BONAVENTURE a pu rendre grâce à Dieu en disant le ‘‘nunc dimitis’’ pour un ministère aussi long et riche en vocations.
Comme religieux, Henry ne dépend pas de l’évêque de Metz, mais de son supérieur général : celui-ci le nommera tout d’abord comme aumônier de l’école Saint-Vincent de Paul à Cuvry.
Sa seconde nomination sera à Strasbourg, comme directeur d’un foyer pour jeunes.
Même éloigné de son village, le Révérend Père MAYER y reviendra souvent pour voir sa famille et participer aux grands événements de la paroisse.
Il prendra sa retraite en Touraine à Athée-sur-Cher dans une maison appartenant à l’ordre de Saint-Vincent de Paul.
Il y décédera le 17 octobre 1969 : son corps repose au Père Lachaise à Paris
LA PREMIERE MESSE DE MARCEL ROSTOUCHER
- 9 juillet 1950 -
La guerre n’est finie que depuis 5 années seulement et il reste encore beaucoup de plaies à panser. De nombreuses maisons ne sont pas encore reconstruites. Plusieurs familles vivent encore dans des baraquements en bois en attendant de retrouver un logis décent. Les temps sont encore bien difficiles, mais voici une belle occasion d’oublier le quotidien et de se réjouir : le 9 juillet 1950, Marcel ROSTOUCHER célèbre sa première messe.
René Jules Marcel fut baptisé en 1923 par l’abbé Paul BONAVENTURE.
Cinq ans plus tard, arrive l’abbé SCHUTZ. Comme tous les garçons de cette époque, Marcel servit la messe pendant de nombreuses années : c’est certainement au cours de ces offices que se situe la naissance de sa vocation.
Fils de commerçants, il entra au séminaire de Metz après l’école primaire.
Le village est en émoi. Voilà 23 ans qu’il n’avait pas connu pareil événement : c’est en effet le 7 août 1927 que le révérend père Henry MAYER avait célébré, pour la première fois, l’eucharistie.
Pas peu fier de Marcel, l’enfant du pays, tout Farschviller l’accompagne sur le chemin de l’église.
L’abbé ROSTOUCHER restera fidèle à son village et il reviendra souvent concélébrer la messe lors de ses visites à sa sœur.
Nommé chanoine par l’évêque de METZ, c’est l’abbé MULLER qui remettra à Marcel le surplis de l’abbé SCHUTZ : l’abbé ROSTOUCHER le portera lors des célébrations à la cathédrale non sans penser à celui qui marqua sa jeunesse et à qui il confia, en premier, son projet de vocation religieuse.
PREMIERE MESSE DE GEORGES FLAUSSE
4 juillet 1965
Curé à Farschviller depuis 4 ans, l’abbé Alfred MONNET avait voulu que la première messe de Georges FLAUSSE soit un événement grandiose et pleinement réussi. Tout avait été parfaitement orchestré jusque dans les moindres détails. Depuis des semaines, la chorale répétait. Les bénévoles avaient confectionné arcs de triomphe et reposoirs et tout un chacun pavoisait ses fenêtres de fleurs, de drapeaux et de rubans, pour le passage de la procession. Pourvu que le soleil soit au rendez-vous !
Né à Farschviller le 20 janvier 1927, Georges fut ordonné prêtre le 29 juin 1965 à Metz. Le dimanche suivant, le 4 juillet 1965, il célébra sa première messe : une journée entière de festivités s’annonçait.
Si la première messe d’un prêtre est un évènement majeur de sa vie, elle reste important pour l’histoire d’un village : or, en un siècle, Farschviller aura l’honneur de vivre pas moins de cinq de ces événements.
Ces prémices sacerdotales restent une occasion exceptionnelle pour les habitants, croyants ou non, d’unir leurs efforts pour la réussite de ces fêtes
PREMIERE MESSE DE L’ABBE FABRICE MATHIAS
- dimanche 2 juillet 2000 -
Je me rappelle bien de la première fois où je fus enfant de chœur. De nature timide et craintif, je redoutais fort cet instant où tous les paroissiens pouvaient me voir et juger de mes erreurs.
Hubert KLING fut le premier de notre année à servir la messe. L’abbé MULLER vint le chercher à l’école, un après-midi, pour servir lors d’un enterrement : j’admirais le courage d’Hubert.
Mais un jour, plus moyen d’y échapper, il fallait y passer !
Et la semaine suivante, mon grand père dit à un de ses amis, Alphonse GLAD : « As-tu remarqué que dimanche dernier les cloches avaient sonnées plus longtemps ? C’est parce que Fabrice a servi la messe ! » J’y croyais !
Il aura fallu cette première fois pour devenir ‘‘accro’’ ! Nombreux furent les week-ends où je servis les trois messes. Cette église - qui n’avait plus de secrets pour moi - devint mon deuxième ‘‘chez moi’’. En me confiant quelques responsabilités, l’abbé MULLER me rendait le plus heureux des enfants.
Comme certains jeunes garçons, je jouais à célébrer la messe : j’apprenais par cœur la prière eucharistique et le credo en latin.
S’il n’y avait eu ces longues années d’études, j’aurais bien tenté le séminaire … Mais, avec de piètres résultats scolaires … ma paresse intellectuelle … cela ne me semblait pas très approprié.
Suivant les conseils de l’un de mes professeurs, j’en-tamais des études culinaires à Freyming.
C’est alors, qu’un jour, Mme Clotilde REB confia à ma grand- mère les paroles de l’abbé MULLER : « Dommage, il aurait peut-être fait un bon prêtre ! ».
La flamme venait de se rallumer.
Par un bel après-midi d’été, passant par hasard devant l’église de Merlebach, j’entendis une merveilleuse mélodie.
Attiré par cette œuvre jouée à l’orgue et au violon (Méditation à Taïs de Massenet), je poussais la porte.
J’allais assister aux funérailles de Mgr STANKO GRIMS, l’aumônier de la communauté slovène du bassin des houillères. A l’autel, au côté du célébrant, se trouvait un très jeune prêtre. Le sacristain me révéla son identité et, par téléphone, je demandais rendez-vous à Joseph KAMIN, car tel était son identité.
Il me reçut le jeudi suivant et je lui demandais de me parler du séminaire qu’il semblait à peine avoir quitté. Quelques mois plus tard, il reçut l’abbé MULLER pour s’entretenir avec lui à mon sujet.
Puis je fus présenté à Mgr Paul Joseph SCHMITT, évêque de Metz.
C’est ainsi qu’en septembre 1988, après quatre années passées à travailler dans le restaurant « la Chaumière » à Puttelange-aux-Lacs et une année de service militaire à Strasbourg, je rejoignis le grand séminaire de Nancy, puis celui de Metz.
En 1994, sur les conseils d’un aumônier militaire, j’intégrais le diocèse aux Armées Françaises et Mgr Michel DUBOST me nomma pour deux années en Guadeloupe.
Puis, étant bilingue, c’est la brigade franco-allemande qui devint mon nouveau terrain d’apostolat. C’est là que, le 25 avril 1998, Mgr Pierre RAFFIN m’ordonna diacre en l’église Saint Pierre et Saint Paul d’Immendingen.
Pour l’occasion, la chorale du village vint s’associer à celle d’Immendingen pour solenniser la célébration. Avec beaucoup de fierté et les larmes aux yeux, l’abbé MULLER me revêtit la dalmatique. Aumônier de la brigade franco-allemande, cette ordination devait être le symbole de la grande amitié qui unit nos deux pays. L’année suivante, je rejoignis la cathédrale de Metz pour l’ordination sacerdotale
Le dimanche 25 juin 2000, Mgr RAFFIN ordonna 7 prêtres et 8 diacres.
Pour cette occasion, mes chefs de corps et amis d’Allemagne vinrent m’accompagner dans cette grande étape de ma vie. Ayant quitté le séminaire six années plus tôt, je ne connaissais aucun autre prêtre ou diacre.
Le dimanche suivant – le 2 juillet 2000 - allait être un grand jour, tant pour la paroisse que pour moi-même.
Depuis des mois, je savais que de nombreuses personnes s’affairaient afin de solenniser l’événement. La chorale et les associations participaient aux préparatifs.
Voilà 35 ans que Farschviller n’avait connu tel événement !!!
Le 4 juillet 1965 (soit dix-sept jours avant ma naissance), Georges FLAUSSE avait alors célébré sa première messe.
Au petit matin de ce 2 juillet, tout le village s’activait et nombreux étaient ceux qui décoraient les rues.
A 10 heures, l’abbé MULLER, Mgr Michel DUBOST et André JACQUES, le maire, vinrent me chercher à la maison pour m’accompagner au centre du village où une foule nombreuse s’était rassemblée.
Comme le voulait la coutume, la procession s’avança vers l’église, faisant halte aux reposoirs.
Entouré de mon curé, de mon évêque et de nombreux amis prêtres, je célébrais ma première eucharistie. A ce moment-là, et peut-être plus que jamais, j’étais fier d’être un enfant de Farschviller.
LA FONDATION DES SŒURS MISSIONNAIRES
DU SAINT-ESPRIT A FARSCHVILLER
Dans l'histoire de l'Église, les naissances de congrégations religieuses suivent généralement un développement identique.
Quant aux cas de fondateurs oubliés ou mis à l'écart, ils sont assez fréquents : Eugénie n'y échappe pas.
En 1967, Sœur Johanna AMMEUX, supérieure générale des Spiritaines, disait de Sœur Eugénie : "Son mérite est d'avoir pris la décision de commencer".
Eugénie CAPS est née en Lorraine, au sein d’
une famille unie, parmi laquelle elle reçoit une éducation catholique et française. Elle grandit près des religieuses qu'elle admire beaucoup. Inscrite à la Sainte Enfance, elle y découvre la mission.
A la mort de son père, elle a 18 ans. A sa grande peine, s'ajoute le devoir de soutenir sa famille qui s'installe à Bouzonville.
En 1912, à la suite de la lecture d'une poésie "Je veux être missionnaire", trouvée dans une revue de l'Enfant-Jésus de Prague, naît sa vocation missionnaire et religieuse.
Avec quelques jeunes filles de Lorraine, qu’accompagne l'abbé de la paroisse, cette ‘‘parole’’ prend forme : elle devient projet, désir de vivre.
Dès 1913, l'abbé Eich, vicaire à Bouzonville, est son directeur de conscience. II l’aide et la met en relation avec d’autres jeunes filles dont il dirige également la vie spirituelle.
Le 25 avril 1915, au cours de sa prière d’action de grâces, Eugénie fait une expérience spirituelle forte et décisive : elle reçoit l'intuition qu'une nouvelle œuvre missionnaire doit être fondée.
Pendant plusieurs jours, se croyant inapte, elle se débat et ne retrouve la paix qu'après avoir donné son consentement. D'autres jeunes filles se regroupent autour d'Eugénie.
Jolie femme, agréable en société, elle repousse 4 demandes en mariage. Pragmatique, elle travaille dans une banque et obtient la confiance de ses supérieurs. Cependant, avec ses compagnes, elle désire avant tout quitter le monde laïc pour embrasser la vie religieuse et partir en mission.
En 1919, Eugénie se rend dans une ville voisine pour visiter une exposition missionnaire. Elle trouve une biographie du Vénérable Père LIBERMANN. "Voici notre esprit tout trouvé " s'exclame-t-elle. La découverte de la spiritualité de LIBERMANN va permettre au projet de prendre corps.
Les jeunes filles se procurent les écrits du Père LIBERMANN et vont rapidement souhaiter rencontrer des fils de LIBERMANN.
Sans tarder, Eugénie écrit au Supérieur des Spiritains de Neufgrange, le père Émile CLAUSS. Comme sa réponse se veut prudente, Eugénie insiste : "Nous ne désirons, au commencement, qu'un petit réduit, un morceau de pain, un banc de communion et le libre exercice de notre zèle pour la gloire de Dieu et le salut des âmes, surtout parmi la jeunesse et en vue des missions."
Lors d'une visite à Neufgrange, en 1920, Monseigneur LE ROY partage, avec ses frères, son souci de trouver des religieuses pour aider dans les missions. Et il voit un signe de la Providence lorsque les Pères de Neufgrange osent lui parler de la correspondance reçue du petit groupe de Bouzonville. Le 20 octobre, à Paris, il reçoit l'abbé EICH, Eugénie et Lucie LAY. Puis il note : « II fut facile de s'entendre ; un institut nouveau serait formé ayant ses propres règlements, son but : travailler en collaboration avec les Pères du Saint-Esprit, dans leurs missions et leurs oeuvres! »
L'évêque de Metz donne l'autorisation d'ouvrir la pre-mière communauté dans son diocèse. Le petit groupe est enthousiaste, mais à l'heure de la décision, seules Elise MULLER, Lucie LAY et Eugénie sont prêtes à s'engager.
Le 5 janvier, Mme MAYER, de Farschviller, cède sa maison aux Pères du Saint Esprit de Neufgrange pour en faire un établissement pour les sœurs de la congrégation et le 6 janvier 1921, en l’église de Farschviller est célébrée la première messe de l’institut.
Les vocations, encouragées par de nombreux spiritains, viennent de toute la France. En mars 1922, les sœurs s'installent dans une plus grande propriété, à Jouy-aux-Arches, près de Metz. En ce qui concerne la fondation, Eugénie a terminé sa tâche. A cette étape, elle doit s'effacer.
A la demande de Mgr LE ROY, Sœur Adeline SIFFRID, des sœurs de Saint Jean de Bassel, est chargée, de 1922 à 1924, de leur formation. Mlle Marguerite-Marie Yvonne DUFAY, future Mère Michaël, devient l'interlocutrice privilégiée de Mgr LE ROY qui mise sur ses capacités d'organisation. Eugénie est envoyée se reposer en famille : ce séjour sera prolongé.
Sœur Eugénie fait sa première profession, le 5 octobre 1924, à Bethisy, dans l'Oise, avec 22 de ses compagnes. Sa santé ne cesse de s'affaiblir et elle s'éteint en Suisse, le 16 mars 1931, à la suite d'une intervention chirurgicale.
A sa mort, les Spiritaines sont environ au nombre de 200, réparties dans différentes communautés, en France, en Suisse, à la Martinique, au Cameroun, en Oubangui-Chari et à Madagascar.
En 1959, Mère Michaël DUFAY, désormais à la retraite, dira :
« L'initiative de la fondation remonte à nos chères Sœurs lorraines ».